
Pour comprendre quelles sont les femmes qui bénéficient du frottis cervical et quelle catégorie de professionnels les réalisent le plus, une équipe de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a mené une étude observationnelle rétrospective. Cette dernière a consisté en l’analyse des informations individuelles de toutes les affiliées au régime général de la sécurité sociale, à la Mutualité Sociale Agricole et au Régime Social des Indépendants dans l’ancienne région Midi-Pyrénées. Les auteurs ont ainsi analysé les données de près de 700 000 habitantes âgées de 25 à 64 ans, en 2012.
Moins de frottis réalisés en zone rurale, surtout par le gynécologue
Dans la population précitée, 29,07 % des femmes avaient réalisé un frottis cervical parmi lesquelles 27,61 % l’ont réalisé chez leur médecin généraliste 67,85 % chez leur gynécologue et 4,54 % chez d’autres professionnels de santé. Certains facteurs sont apparus rapidement comme ayant une influence négative sur la probabilité de réaliser un frottis : le fait d’habiter en zone rurale (- 8 %), d’être bénéficiaire de la CMU (- 7 %) et d’appartenir à une classe économiquement défavorisée (- 10 %). La pratique du frottis par le gynécologue est beaucoup plus impactée par ces différences que la pratique par le médecin généraliste.Les gynécologues réalisent moins de frottis quand l’âge de leurs patientes avance
L’analyse en régression logistique montre que les gynécologues réalisent moins de frottis quand l’âge de la patiente avance. Selon cette étude, les gynécologues réalisent moins de frottis dès que les patientes atteignent l’âge de 30-35 ans , alors que la baisse de cet acte n’est apparente chez les médecins généralistes qu’à partir de 45-50 ans. En zone rurale, la diminution de cet acte est plus marquée chez le gynécologue en comparaison au médecin généraliste. Le fait de bénéficier de la CMU est un facteur important de non-réalisation des frottis, de manière très marquée chez le gynécologue, un peu moins chez le généraliste. Il apparaît aussi de cette étude observationnelle que quand l’offre de soins augmente, la réalisation des frottis s’accroît chez les gynécologues, mais reste stable chez les généralistes.Pour son auteur, cette étude met en lumière la nécessité d’instituer une politique de santé volontaire axée autour des soins primaires et du médecin généraliste, en coordination directe avec les gynécologues.
Dr Roseline Péluchon