
Radeau de la méduse, le samedi 6 juin 2015 - Ces dernières semaines auront été riches en informations cannibales. Le 19 mai dernier, les autorités nigériennes faisaient fermer un restaurant qui avait le (mauvais) goût de servir de la chair humaine. Fin mai, c’était à la revue scientifique Archeometry de passer le plat en publiant une étude, qui à partir des ossements de 18 humains, a analysé les recettes de cuisine d'une communauté anthropophage ayant vécu il y a 2 500 ans au Mexique. Enfin, cette semaine, aux Etats-Unis, était lancée la saison 3 de la série Hannibal, qui a pour "héros", le célèbre psychiatre mangeur d’hommes déjà évoqué dans le livre et le film le silence des agneaux. Ce meli-mélo de carne anthrope fait s’interroger sur le goût de cette viande taboue.
Du lard ou du cochon ?
Le mieux est sans doute de s’orienter vers les spécialistes de la question…les tueurs s’étant distingués par ce genre de pratique. Ainsi de l’allemand Armin Meiwes, qui avait rencontré sur annonce une personne désireuse d’être dégustée. Lors d’un entretien accordé en 2007, il expliqua qu’il l’avait trouvé un peu dur et qu’il « avait un goût de porc, en un peu plus amer, plus fort ». Il confirmait ainsi "l’intuition" des tueurs en série des années 20, Karl Denke et Fritz Haarmann, qui étaient parvenus à revendre des découpes de leurs victimes en les faisant passer pour du porc.
Autres hypothèse plus docte et (peut-être) moins effroyable, celle du journaliste William Buehler Seabrook, qui, en 1931, dans son livre Jungle Ways donna au monde une description détaillée de ce met.
Ce journaliste aux lubies étranges avait voyagé en Afrique de l'Ouest, afin de rencontrer les Guero, une tribu cannibale, mais, méfiants, ceux-ci ne lui avaient pas permis de partager leurs traditions.
C’est finalement en France qu’il prétend avoir réussit à se procurer cette pitance…auprès d’un interne en médecine. Ainsi, dans la villa du baron Gabriel des Hons, à Neuilly, il se livra enfin à son expérience, devant témoins. Pour lui : « Cela ressemblait à de la bonne viande de veau. (…) C’était si proche (…) que je pense que personne qui soit doté d’un palais ordinaire et d’une sensibilité normale n’aurait pu les distinguer. C’était une viande bonne et douce, sans le goût marqué ou fort que peuvent avoir, par exemple, la chèvre, le gibier ou le porc. (…) Et pour ce qui est de la légende du goût de porc, répétée dans un millier d’histoires et recopiée dans une centaine de livres, elle était totalement, complètement fausse».
Les gourmets divergent
Autre son de cloche du côté de Rouen, où le bien nommé « cannibale de Rouen» (qui a tué, dépecé et mangé les poumons d’un codétenu) a déclaré trouver le goût plus proche de celui du cerf : « ce qui est terrible c’est que c’est bon. Ça a le goût de cerf. C’est tendre. Ce que j’ai fait, j’ai aimé le faire »…délicieusement inquiétant !
Autre fin gourmet, Issei Sagawa (connu en France pour avoir à Paris assassiné et dévoré une jeune étudiante hollandaise) avance lui que : « la chair humaine fond dans la bouche comme du thon cru dans un restaurant de sushis ».
Pour se faire une idée, on pourra se rendre à Londres où un
"chef" a eu l’idée de commercialiser depuis octobre 2013 un
hamburger qui aurait le goût d’homme…Pour se convaincre d’essayer
on se rappellera les témoignages indigènes rapportés par le Docteur
Chanca* : « la chair de l’homme est si bonne à manger que rien
au monde ne peut lui être comparé »…
Frédéric Haroche