
Abuja, le samedi 22 novembre 2013 – Les actions en vue de l’éradication de la poliomyélite ont été freinées depuis le début des années 2000 en raison de rumeurs sur la dangerosité du vaccin nourries dans quelques pays par des dignitaires musulmans. Cette opposition irrationnelle et souvent violente à la vaccination a débuté en 2003 au Nigeria dans la région de Kano et a touché plusieurs autres états notamment l’Inde, l’Afghanistan et le Pakistan. Pour contrer ces oppositions rétrogrades, les organisations humanitaires rivalisent de courage (plusieurs volontaires ont en effet trouvé la mort) et d’ingéniosité.
A la maison près
Ainsi, la Fondation Bill et Melinda Gates finance actuellement au Nigeria un programme destiné à améliorer l’efficacité des campagnes de vaccination. Il reste à cet égard aujourd’hui difficile d’évaluer la couverture vaccinale des enfants de certaines régions départements au Nigeria. Les données sont entre autres faussées par des renseignements parfois erronés des médecins qui pour augmenter leurs rémunérations gonflent le nombre d’enfants qu’ils indiquent avoir immunisés. Par ailleurs, en l’absence de cartographie précise, difficile de cibler spécifiquement les zones qui nécessitent en priorité la présence de vaccinateurs. Or, une enquête conduite dans la région de la rivière Congo en République démocratique du Congo a mis en évidence comment l’utilisation de la technologie GPS contribuait à une localisation pointue des foyers d’épidémie et permettait ainsi aux équipes d’agir plus efficacement. Fort de ces résultats, un programme a été mis en place au Nigeria. Il repose sur l’utilisation de traceurs GPS dont les médecins des groupes de vaccination sont équipés. Ces capteurs permettent de recenser à la maison près les lieux où une vaccination a été réellement effectuée dans le cadre d’opération « porte à porte ». Une application mise au point par l’Economic and Social Resarch Institute (ESRI) en partenariat avec le Global Polio Eradication Initiative contribue par ailleurs à cartographier les zones à haut risque de poliomyélite. « Il est facile de contrôler les vaccinations effectuées par chaque équipe car les traceurs GPS installés dans les téléphones qu’elles portent sur elles émettent des signaux qui, par satellite, s’inscrivent sur notre site internet. Cela nous permet de savoir avec précision le nombre de maisons couvertes chaque jour pendant la campagne de vaccination » explique le responsable médical de ce dispositif, le docteur Mahmud Zubairu. Ainsi, les responsables de l’éradication peuvent-ils ajuster le plus finement et le plus efficacement leurs actions pour répondre le plus précisément aux besoins. « Cette application augmente significativement les chances de recenser et d’éradiquer la poliomyélite au Nigeria » assure Wael Ammar, responsable de l’opérateur Etisalat qui participe au développement du programme.
Léa Crébat