Le Laser, la bonne alternative ?

Dans de nombreuses indications où la prise en charge classique n’obtient pas des résultats optimaux, la tentation est forte de se tourner vers des alternatives plus innovantes et notamment les Laser. Avec Thierry Passeron, revenons sur quelques une de ces situations.

Pas vraiment pour les kératoses actiniques

Bien que de nombreux traitements efficaces soient proposés pour la prise en charge des kératoses actiniques du visage, l’insatisfaction demeure devant la grande fréquence des récidives. Le Laser CO2 ablatif fractionné peut-il être la solution ? Dans une petite étude sur 12 patients, une séance de Laser C02 ablatif fractionné a permis une disparition de 71 % des KA sur le côté du visage traité (vs 47 % du côté non traité mais bénéficiant de la photoprotection sur l’ensemble du visage). La différence est significative à un mois mais elle ne l’est plus à trois mois. Ces résultats n’incitent donc pas à retenir le laser C02 comme une alternative valable dans le traitement des KA du visage compte tenu aussi du coût élevé de ce type de prise en charge. 

Non plus que pour les onychomycoses

Il a été aussi proposé de traiter par le laser les onychomycoses, souvent longues et difficiles à contrôler par les outils classiques. Certaines publications rapportaient des résultats très encourageants. Mais voici les données d’une première étude prospective comparative qui risquent de tempérer un peu cet enthousiasme. Elle a évalué l’efficacité du laser Nd :Yag chez 20 patients (82 ongles atteints au total) dont 10 ont bénéficié de quatre séances à intervalle de 4 à 6 semaines tandis que les 10 autres n’avaient aucune prise en charge sur les ongles.  Il n’y a eu de guérison mycologique dans aucun des groupes et les résultats cliniques mesurés par l’OSI (onychomycosis severity index n’ont pas été significativement différents avec un OSI 12 mois après le traitement comparable à l’OSI basal. Ces données tendent à remettre en cause l’efficacité dans le traitement des onychomycoses du laser Nd : Yag, pouvant approuvé par la FDA…

Mais peut-être pour les verrues

La place potentielle du Laser dans le traitement des verrues reste mal cernée. Une étude rétrospective sur 227 patients traités par Laser LCP (laser colorant pulsé) entre 2007 et 2013 pour des verrues récalcitrantes (aux topiques, à la cryothérapie et parfois même à la chirurgie et aux injections intralésionnelles de bléomycine) fait état d’une disparition complète ou quasi complète dans 86 % des cas. Le taux de récidive sur la période étudiée est de 8,2 % des cas. On note une meilleure efficacité quand les séances sont rapprochées (4 semaines d’intervalle au plus) et avec des fluences fortes (12-15 J/cm² avec répétition des tirs.) Jusqu’à 6 séances peuvent être nécessaires. Ces résultats rejoignent ceux obtenus avec le laser Nd : Yag et alexandrite long pulse dans cette indication.

Et aussi les varicosités des membres inférieurs

Une étude prospective a comparé le laser Nd ; Yag à 1 064 nm et la sclérothérapie avec du polidocanol à 0,5 % dans le traitement des varicosités de membres inférieurs chez 56 femmes d’âge moyen 46 ans. Deux séances étaient réalisées à 6 semaines d’intervalle. L’évaluation à 6 semaines et 6 mois montre des résultats comparables. Le Laser se révèle plus douloureux que la sclérothérapie mais celle-ci entraîne davantage d’hyperpigmentations post inflammatoires (39,3 % vs 67,9 % ; p < 0,001).

Dr Marie-Line Barbet

Références
Passeron T : quoi de neuf en dermatologie instrumentale (laser) ?
Journées dermatologiques de Paris 6-10 décembre 2016

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