Stockholm, le samedi 23 décembre 2023 - L'hypocondrie, également connue sous le nom de trouble anxieux de la santé (à ne pas confondre avec le syndrome de Cotard, une forme délirante de l’hypocondrie), est un trouble psychiatrique répandu mais sous-diagnostiqué. Qui n’a en effet jamais rencontré une personne fréquentant assidûment les cabinets médicaux, se craignant atteinte d’affections toujours plus graves et inquiétantes ? Jusqu’à présent, la mortalité de ces patients était une inconnue.
Dans ce contexte, une équipe suédoise a mis sur pied une étude de cohorte incluant 4 129 hypocondriaques reconnus comme tels par la médecine et a comparé ces sujets à un groupe témoin de 41 290 Suédois socio-démographiquement appariés* indemnes de ce trouble. Les chercheurs nordiques ont étudié la mortalité de ces deux groupes sur une période de 23 ans (1997-2020).
Une mortalité multipliée par 1,7
Au total, 268 personnes atteintes d'hypocondrie et 1 761 personnes sans hypocondrie sont décédées au cours de la période d'étude, ce qui correspond à des taux de mortalité bruts de 8,5 et 5,5 pour 1 000 personnes-années, respectivement. « Dans les modèles ajustés aux variables sociodémographiques », un taux de mortalité toutes causes 1,7 fois supérieur a été observé chez les personnes souffrant d'hypocondrie par rapport à celles sans hypocondrie. Ce taux plus élevé a été observé pour les causes « naturelles » (1,6 fois) et non « naturelles » (2,4 fois) de décès, notamment par suicide (4,1 fois).
Cette étude de cohorte suggère que l’hypocondrie ne doit plus porter le flanc à la plaisanterie, et « que les personnes souffrant d'hypocondrie ont un risque accru de mourir de causes naturelles et non naturelles, en particulier de suicide, par rapport à la population générale ne souffrant pas d'hypocondrie », comme le concluent les auteurs.
C’est finalement (comme souvent !), le Littré qui définissait le mieux l’hypocondrie : « une sorte de maladie nerveuse qui fait croire aux malades qu’ils sont attaqués par les maladies les plus diverses de manière qu’ils passent pour des malades imaginaires tout en souffrant beaucoup ».
*Appariés selon l'année de naissance, le sexe, le lieu de résidence, le pays de naissance (Suède ou étranger), le dernier diplôme obtenu, le revenu familial et les comorbidités psychiatriques au cours de la vie.
F.H.
