Au cours du massage cardiaque externe (MCE), vaut-il mieux interrompre les compressions thoraciques pour ventiler ou vaut-il mieux masser en continu ? La question est l’objet de débats depuis quelques années. L’interruption du massage réduit le flux sanguin et pourrait diminuer l’efficacité de la réanimation. C’est ce qu’on suggéré des études observationnelles dont les résultats montraient que le massage en continu améliorait les chances de survie. Bien que le sujet ne soit pas sans importance, les données disponibles sont toutefois encore contradictoires.
Une équipe états-unienne a donc réalisé un essai randomisé auquel ont participé 114 service d’urgence qui ont pris en charge en dehors de l’hôpital plus de 22 mille patients victimes d’un arrêt cardiaque. Pour la moitié d’entre eux le massage était réalisé en continu (100 compressions par minute), avec une ventilation à pression positive asynchrone à raison de 10 ventilations par minute. Pour les autres, groupe témoin, le massage était interrompu pour la ventilation, à raison de 2 ventilations toutes les 30 compressions (la pause pour la ventilation durant moins de 5 secondes).
Des résultats équivalents
L’objectif principal de l’étude était de comparer le taux de survie à la sortie de l’hôpital entre les deux groupes.
Un peu plus de 1000 patients de chaque bras ont survécu (9 % et 9,7 %), mais il n’est en réalité observé aucune différence significative entre les deux groupes en ce qui concerne la survie (différence de - 0,7 % ; intervalle de confiance à 95 % [IC] : -1,5 à + 0,1). Il n’est pas non plus retrouvé de différence significative entre les deux groupes pour le pourcentage de pronostic neurologique favorable (7 % vs 7,7 % ; - 0,6 ; IC: -1,4 à 0,1).
Les auteurs reconnaissent les difficultés méthodologiques de ce type d’études. Les différences entre les soins reçus juste après le retour de la circulation notamment ont pu modifier significativement le pronostic (prise en charge de la température, coronarographie précoce, etc.).
Ces données sont à rapprocher des recommandations du Conseil Français de Réanimation Cardio-pulmonaire qui estimait en octobre dernier que les données actuelles ne permettent pas de conseiller une modification des pratiques en matière de massage cardiaque externe.
Dr Roseline Péluchon