Le microbiote génital au fil des âges

Quelle que soit la technique de restauration génitale qu’utilisera le chirurgien, il faut toujours prendre en compte le microbiote génital de la patiente. Chez la femme non ménopausée, la flore est dominée par les lactobacilles, en particulier Lactobacillus Crispatus chez la femme saine. Le reste du microbiote est composé de bactéries anaérobies (2 à 5 fois plus nombreuses que les bactéries aérobies). Les lactobacilles exercent leurs effets favorables par 3 actions principales :

•    Inhibition de la croissance des pathogènes (surtout grâce à l’acidification du milieu),
•    Inhibition de l’adhésion des pathogènes (surtout grâce à la création d’un biofilm « barrière »),
•    Inhibition de l’expansion des pathogènes (surtout grâce aux propriétés immunostimulantes de cytokines spécifiques).

L’installation du microbiote adulte démarre un an avant la puberté. Les lactobacilles vaginaux proviennent du rectum comme l’a montré une étude sur 61 patientes transsexuelles (homme → femme). Enfin, contrairement aux travaux anciens, on considère aujourd’hui que près de la moitié des femmes ménopausées conservent une flore dominée par les lactobacilles qui pourraient même avoir un rôle trophique, donc majeur à cette période de la vie.

En pratique, on peut apprécier la qualité du microbiote d’une patiente grâce au score de Nugent, test semi-quantitatif qui n’est cependant pas utilisable chez la femme ménopausée et qui n’est pas concluant en zone intermédiaire. La vaginose bactérienne est le prototype de la dysbiose vaginale. Les lactobacilles y diminuent ou disparaissent au profit de bactéries comme Gardnerella Vaginalis, Atopobium Vaginae, Ureaplasma Urealyticum et Mycoplasma Hominis. La prévalence de la vaginose bactérienne est de 30 % en période d’activité reproductive, et de 23 à 38 % en post-ménopause. Son diagnostic est principalement clinique (leucorrhées fluides, malodorantes, pH > 4,5 et présence de clue cells à l’examen direct). Outre les complications obstétricales (chorioamniotite, prématurité), la vaginose bactérienne augmente le risque d’Infections Sexuellement Transmissibles et d’infections urinaires associées.

Dr Catherine Azoulay

Référence
Bohbot JM : Genital microbiota throughout the ages of women: composition and functions. GYN'OV - 1er Congrès Européen de la Restauration Génitale (Paris) : 29-30 novembre 2018.

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