Les posters concernant la coqueluche étaient si nombreux à l’ESPID qu’on en trouvait dans presque toutes les sessions affichées, laissant imaginer que la bactérie (ré)apparaissait en même temps partout sur la planète. Ce qui est peut être –sans doute- réellement le cas, aussi étonnant que cela puisse paraître concernant une infection pour laquelle on dispose d’un vaccin efficace et maintenant bien toléré…
Brésil (Sao- Paulo) (1). Entre 2000 et 2008, un total de 883 cas suspects et 236 confirmés ont été rapportés, avec deux pics, l’un en 2003 et l’autre en 2008. Quatre vingt dix pour cent des cas ont concerné des enfants de moins de un an qui n’avaient pas reçu l’ensemble des 3 doses de vaccin. La mortalité était de 5 %.
Costa Rica (2). Des résultats intéressants ; les données concernant la coqueluche étant encore très rares en Amérique Latine. Le Costa Rica a connu en 2005 la pire épidémie de ces 40 dernières années, d’où la mise en place de vastes campagnes de vaccinations maternelles. L’analyse de 132 cas (43 % étant survenu avant l’âge de deux mois, c'est-à-dire chez des enfants sans vaccination) a montré les signes habituels de l’infection : toux (94 %), détresse respiratoire (73 %), cyanose (72 %), vomissements (42 %) et apnée (11 %) ; 6,8 % de décès, sans compter les autres complications, toutes respiratoires et à type de pneumonies sévères (15,2 %), arrêt (13,6 %) ou hypertension pulmonaire (7,6 %).
Argentine (3). Une multiplication par 6 de l’incidence annuelle entre 2002 et 2008 en Argentine, surtout chez les enfants de moins de 6 mois, souvent moins bien vaccinés et porteurs de souches différentes de celles du vaccin.
Espagne (4). Une grande enquête rétrospective a été mise en place entre 1999 et 2005, enregistrant l’ensemble des hospitalisations dues à Bordetella pertussis chez les enfants de moins de 1 an. Pour un total de 3 277 cas, le taux d’hospitalisation annuel était de 139,41/ 100 000, à un âge moyen de 2,68 mois, avec un taux de mortalité de 0,51/ 100 000 (12 décès à l’hôpital).
Portugal (5). Encore une fois une majorité d’enfants de moins de 6 mois concernés au Centro Hospitalar de Porto, mais aussi un adolescent de 14 ans. Six cas en un an qui, pour l’auteur, suggèrent une ré-émergence significative de l’infection dans le pays.
Danemark (6). Une étude de réponse immunitaire (IgA et IgG) qui indique que la bactérie circule dans la communauté bien plus efficacement que ne le suggèrent les quelques cas enregistrés.
Des articles dont les conclusions sont souvent analogues et soulignent qu’il faut ré-évaluer les schémas de vaccination dans la population pour protéger les groupes les plus fragiles, au stade de pré-immunisation. On rappellera à ce sujet qu’en France « compte tenu de la recrudescence des cas de coqueluche observés chez de très jeunes nourrissons contaminés par des adolescents ou des adultes jeunes, un rappel est recommandé, depuis 1998, entre l’âge de 11 et 13 ans, et doit être pratiqué en même temps que le 3ème rappel de DTP » (Haut conseil de la santé publique, BEH, avril 2009).
Dr Jack Breuil