En 2015, on estime à 3,2 milliards le nombre de personnes exposées au risque de paludisme. Bien que l’incidence du paludisme a diminué de 37 % et la mortalité de 60 % entre 2000 et 2015, on déplore encore environ 214 millions de cas et 438 000 décès annuels. Une quinzaine de pays, dont 14 en Afrique subsaharienne, totalisent 80 % des cas et 78 % des décès. Le Mali figure en 7ème position pour le nombre de cas et en 4è position pour le nombre de décès, derrière le Nigeria, la République Démocratique du Congo et l’Inde. Un Programme National de Lutte contre le Paludisme associe 1/une lutte anti-vectorielle (distribution à grande échelle de moustiquaires imprégnées d’insecticides, pulvérisations intra-domiciliaires d’insecticides rémanents), 2/un programme d’accès au diagnostic et aux soins (mise à disposition de tests rapides et de combinaisons thérapeutiques à base d'artémisine) et 3/une chimiothérapie préventive chez la femme enceinte. L’incidence du paludisme n’a pourtant pas significativement évolué et les populations parasitaires restent stables et diversifiées, éléments peu favorables à une maitrise de l’endémie.
Dans les pays en développement, la prise en charge du paludisme s’organise en général selon le schéma suivant : diagnostic de l’infection par les infirmiers des centres de santé périphériques grâce à des algorithmes cliniques, test de diagnostic rapide ou frottis-goutte épaisse, traitement présomptif sinon et transfert à un niveau supérieur de la pyramide sanitaire en cas d’aggravation ou de forme grave d’emblée. Les recommandations thérapeutiques de l’OMS préconisent l’utilisation de combinaisons à base d’artémisine. Ce schéma idéal est contrecarré notamment par l’indisponibilité des thérapeutiques, les contrefaçons et la concurrence des « pharmacies par terre » et des tradithérapeutes, le coût élevé des transferts médicaux … Ce qui explique la persistance de la forte mortalité du paludisme, notamment chez les enfants malgré des incidences globales en baisse.
Dr Muriel Macé
