Le papillomavirus, un fléau pour les femmes

Eurogin - Paris. Le cancer invasif du col de l'utérus est une maladie grave souvent mortelle puisqu'environ la moitié des 59 929 cancers invasifs détectés en Europe en l'an 2000 ont entraîné le décès de la patiente.

Bien que le cancer invasif soit le stade le plus grave, il ne constitue que la dernière étape de cette maladie provoquée par le papillomavirus (HPV) qui évolue au fil du temps. La prise en compte des états précancéreux entraîne un véritable changement d'échelle puisque, à titre d'exemple, 10 fois plus de lésions précancéreuses (CIN3) et de cancers in situ (CIS) que de cancers invasifs ont été diagnostiqués en Angleterre en 2003.

Les autres dysplasies, comme les ASCUS, CIN 1 et CIN 2, qui nécessitent des investigations et des traitements parfois lourds, appartiennent également à ce qui constitue un véritable continuum des lésions néoplasiques cervicales HPV induites. Rien qu'en Grande-Bretagne, 350 000 frottis anormaux ont été recensés en 2003 à l'origine d'un coût et d'une morbidité élevée pour les femmes.

Par ailleurs, le cancer du col de l'utérus ne représente qu'une partie des cancers liés au papillomavirus. HPV est également associé aux cancers du vagin, de la vulve et à d'autres cancers. Les cancers de la vulve et du vagin représenteraient aux Etats-Unis respectivement 5 % et 3 % des cancers gynécologiques. On considère qu'il survient dans ce pays environ 4 000 cancers de la vulve par an conduisant à 900 décès chaque année et 2 000 cas de cancers du vagin à l'origine de 800 morts par an. De plus l'incidence des néoplasies intraépithéliales et des cancers vulvovaginaux a beaucoup augmenté au cours des dernières décennies et ces maladies touchent désormais des femmes jeunes.

Le spectre des pathologies induites par le papillomavirus doit également inclure les condylomes acuminés, alias les verrues génitales externes, certes bénignes mais qui demandent des traitements souvent prolongés, parfois douloureux et anxiogènes. En 2003, plus de 70 000 nouveaux cas de verrues génitales ont été rapportés en Grande-Bretagne et ce nombre est en augmentation année après année. L'incidence globale des verrues génitales dans ce pays est estimée à 133,7 cas/100 000 personnes par an. En 2005, les chiffres correspondant en Allemagne sont de 56 557 nouveaux cas avec une incidence annuelle estimée à 98,5 cas/100 000 personnes par an.

La douleur physique, l'altération de la fertilité, les interventions médico-chirurgicales liées aux lésions induites par les papillomavirus affectent considérablement la santé et la qualité de vie des femmes. Des sentiments d'insécurité, de peur, de honte, de gêne sont souvent rapportés par les patientes atteintes ou en attente d'un diagnostic. La nature « sexuelle » de l'infection peut également être à l'origine d'un sentiment de culpabilité et d'interrogations sur la fidélité du partenaire, pouvant altérer la relation conjugale.

Ces affections liées aux papillomavirus, aussi diverses que fréquentes, peuvent donc avoir de larges répercussions sur la santé des femmes, leur qualité de vie, mais aussi sur leur vie conjugale et leurs rapports amicaux ou familiaux. L'impact est important pour la société dans son ensemble.

Dr Jean-Michel Brideron

Référence
Colombo N. « The wider impact on women's Health. » Eurogin - 6th international multidisciplinary congress (Paris) : 23-26 avril 2006.

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