Le risque digestif des AINS est universel

L'acceptabilité digestive des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) a fait l'objet de nombreuses études qui émanent, pour la plupart, de pays occidentaux. Le sujet reste des plus actuels, car, parmi les évènements indésirables de cette classe thérapeutiques, les troubles gastro-intestinaux sont à la fois les plus fréquents et les plus préoccupants, notamment quand le traitement est prescrit au long cours. Une étude cas-témoins, réalisée à Hong-Kong, une fois n'est pas coutume, en témoigne.

La base de données est constituée par certaines observations médicales recueillies entre 1997 et 1999 au Queen Mary Hospital de Hong Kong. En l'occurrence, il s'agit de cas définis par les symptômes suivants :

1) douleurs abdominales aiguës, vomissements, hématémèse, melaena, choc (pouls > 100 bpm/ pression artérielle systolique < 100 mm Hg) ;
2) anémie asymptomatique ;
3) troubles gastro-intestinaux divers ;
4) diagnostic final intégrant la notion de complications gastro-intestinales.

Chaque cas, ainsi défini, a été associé à 2 témoins, appariés selon l'âge, le sexe et la date de l'hospitalisation. L'exposition aux AINS a été définie à partir des médicaments consommés au cours de l'année. Une analyse par régression logistique multiple a été utilisée pour rechercher une association entre l'exposition aux AINS et les complications précédemment définies après ajustement selon l'âge, le sexe et la situation matrimoniale.

350 cas ont été identifiés, et, dans 250 de ceux-ci, les complications relevant d'une atteinte du tractus gastro-intestinal supérieur constituaient le diagnostic primaire. Les témoins sont au nombre de 700. L'âge moyen est de 67 ans, et, dans 37 % des cas, il s'agit de sujets du sexe féminin. Au cours de l'année qui a précédé l'hospitalisation, l'exposition aux AINS autres que l'aspirine est plus fréquente dans le groupe des cas (12,9 % versus 4,9 % chez les témoins, p<0,05). Le recours aux inhibiteurs des pompes à protons et des antagonistes H2 , au cours de la même période, est également plus fréquent chez les cas que chez les témoins (37,1 % vs 20,0 %, p<0,05).
Sur la base d'une analyse des 350 cas et des 700 témoins, l'odds ratio (OR) (notion proche du risque relatif) correspondant à l'hospitalisation pour troubles gastro-intestinaux et à l'exposition aux AINS est estimé à 2,9 (Intervalle de confiance à 95 % : 1,8-4,6). L'analyse restreinte aux 275 cas définis par un diagnostic primaire de complications gastro-intestinales conduit à des résultats similaires, l'OR ajusté : 3,3 (IC ; 2,0-5,3). Fait essentiel sur le plan de l'économie de la santé, l'exclusion des malades traités par les protecteurs gastriques conduit à un OR de 9,6 (IC : 3,7-24,9) ce qui signifie en terme moins statistique que le risque de troubles gastro-intestinaux est multiplié par près de 10 chez les patients sous AINS ne recevant pas de gastro protecteurs.

Au total pour Lau et coll., chez les malades hospitalisés à Hong Kong pour des complications gastro-intestinales diverses et variées, l'exposition aux AINS est nettement plus fréquente que chez les témoins. Ces médicaments sont donc un facteur de risque indépendant prédisposant tout particulièrement à ces complications et le risque semble aussi élevé dans les pays émergents que dans les pays industrialisés.

Dr Jean-Louis Mirandole


Lau GS et coll. Association between NSAID use and hospitalizations for gastrointestinal complications : a case-control study in Hong Kong. EULAR 2002. Stockholm; 12-15 juin 2002. © Copyright Jim Online 2002.

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