Plus rares que chez les femmes, l’ostéoporose et les fractures liées à l’âge sont aussi moins bien connues dans la population masculine. Afin d’évaluer le risque fracturaire et ses liens avec la densité minérale osseuse (DMO) des patients, une étude prospective a été menée chez 620 hommes, âgés de 60 à 93 ans à l’inclusion (âge médian 74,3 ans), de la cohorte australienne de la Geelong Osteoporosis Study. Tous avaient eu une ostéodensitométrie à l’inclusion. Sur la base des critères OMS, un tiers de ces sujets avaient une DMO normale, 58 % étaient ostéopéniques et 9 % présentaient une ostéoporose.
Les patients ont été suivis pendant une durée médiane de 6,4 ans. Durant l’étude, 130 sont décédés, 16 ont été perdus de vue, 63 ont eu au moins un épisode de fracture. La grande majorité des fractures étaient survenues chez des patients qui n’avaient pas été identifiés comme ostéoporotiques à l’inclusion : 18 % avaient une DMO normale et 67 % ne présentaient qu’une ostéopénie. Le risque fracturaire à 5 ans, standardisé sur l’âge, a été évalué à environ 3 % en cas de DMO normale et à 7 % en cas d’ostéopénie, alors qu’il atteignait quasiment 18 % en cas d’ostéoporose. Dans les valeurs médianes d’âge de la cohorte et comparativement aux hommes ayant une DMO normale, l’ostéopénie doublait le risque de fracture et l’ostéoporose le multipliait par plus de quatre. Par ailleurs, le risque relatif était également significativement majoré en cas d’antécédent de fracture après traumatisme minime.
Ces résultats invitent à s’interroger sur l’attitude à adopter face à l’ostéopénie chez ces patients, un phénomène qui concernerait, selon cette étude, plus de la moitié des hommes âgés et serait associé aux deux tiers des fractures observées dans cette population.
Dr Arielle Le Masne