Le secret honteux d’une ermite anglaise

York, le samedi 25 février 2023 – Quinze ans après sa découverte, le squelette d’une religieuse anglaise a révélé son étonnant secret.

C’est un secret (médical) qui aura été conservé pendant plus de 500 ans. Celui d’une femme, une ermite, morte et enterrée dans l’enceinte de l’église All Saint Church de York, dans le nord de l’Angleterre, au XVème siècle. Le squelette de cet anachorète (c’est ainsi que l’on nomme les ermites religieux qui vivaient séparés du monde au Moyen-âge) a été identifié comme étant probablement celui d’une certaine Lady Isabel German, qui a vécu recluse pendant 28 ans. Il a été découvert en 2007 dans une position pour le moins inhabituelle.

En effet, le squelette de la religieuse a été retrouvé les jambes repliées vers le torse, une position qui n’a jamais été décrite chez aucun squelette datant de cette époque en Europe occidentale. Aucune trace de cercueil n’a non plus été repérée. Malgré des investigations menées à l’époque de la découverte, le secret de Lady Isabel German n’a pu être élucidé…jusqu’à il y a peu.

Une ermite délurée ?

En effet, de nouvelles investigations reposant sur les derniers outils d’imagerie et sur des analyses isotopiques ont permis de percer le secret de l’ermite d’York. Selon les auteurs de l’étude parue dans la revue Medieval Archeology le 16 décembre dernier, la religieuse était en réalité atteinte de…la syphilis. En effet, des traces de chancres syphilitiques ont été retrouvées sur plusieurs des os du squelette de l’ermite. Une découverte d’autant plus surprenante que la syphilis était extrêmement rare à l’époque en Europe, avant d’y être importée depuis le Nouveau monde à partir de 1492.

Selon les chercheurs, c’est cette maladie, évidemment incurable à l’époque, qui serait la cause de la position inhabituelle. Lady Isabel German aurait en effet souffert d’atteintes articulaires de la maladie, fréquentes au stade tertiaire et aurait donc dû vivre alitée avec les jambes repliées. L’hypothèse émise par les chercheurs et qu’elle aurait été retrouvée morte tardivement dans cette position et qu’en raison de la rigidité cadavérique, elle aurait été enterrée ainsi.

Comment expliquer qu’une religieuse vivant en ermite pendant plusieurs décennies ait pu contracter une maladie sexuellement transmissible ? Deux solutions : soit Lady Isabel German a été infectée avant de devenir un anachorète…soit elle n’a pas toujours été respectueuse de son vœu de chasteté. Dans le premier cas, on pourrait imaginer qu’après avoir contracté la maladie, la jeune femme aurait décidé de vivre en recluse, pour expier son péché et cacher son visage (son crâne n’ayant pas été retrouvé, on ne peut savoir si elle avait un chancre syphilitique sur le visage).

Maudite ou martyre

Il ne s’agit cependant que d’une hypothèse, les auteurs de l’étude rappelant que les symptômes de la syphilis mettent parfois plusieurs années avant d’apparaitre et Lady Isabel German n’avait peut-être aucune idée qu’elle était souffrante lorsqu’elle a embrassé la vie d’ermite (ce qui ne l’empêchait pas de connaître son péché et de vouloir l’expier).

On peut également s’étonner qu’une personne qui était visiblement marquée physiquement ait eu l’honneur d’être enterrée dans une église. Mais, comme le rappellent les auteurs de l’étude, une maladie comme la syphilis pouvait à l’époque tout aussi bien être considérée comme le signe d’une punition divine que comme la marque des martyrs. Dans ce cas, les souffrances de Lady Isabel German auraient pu être perçues comme un signe de sa dévotion.

Fort heureusement, plus de 500 ans après la mort de cette ermite délurée, la syphilis se soigne très efficacement avec de la pénicilline. Nul besoin donc désormais pour ceux qui ne sont ni martyrs, ni maudits de rester reclus pendant 28 ans.

Nicolas Barbet

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Vos réactions (2)

  • Ermite anachorète délurée ?

    Le 27 février 2023

    Autre hypothèse non évoquée par l'auteur : cette religieuse aurait pu également avoir été victime de viol(s)...

    M Gogny-Goubert

  • Raccolage journalistique

    Le 02 mars 2023

    Derrière le titre racoleur se cache une bonne dose de sexisme. Est-ce que le signe d'une infection sexuellement transmissible permet de qualifier un humain de déluré ? En quoi est-ce amusant que la victime de cette IST fût une moniale ?

    Dr G Gilbert

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