Le Ségur de la Santé au Parlement

Paris, le lundi 16 novembre 2020 – Signés par le gouvernement et les syndicats en juillet dernier, les accords de Ségur censés améliorer les conditions de travail des médecins et infirmiers français sont maintenus débattus devant le Parlement.

Le 13 juillet dernier, après deux mois de négociations, le Premier Ministre, le ministre de la Santé et les principales organisations syndicales non-médicales et médicales signaient les accords dits de Ségur.

Trois mois après la première vague de l’épidémie de Covid-19, ces accords visaient à améliorer les conditions de travail du personnel soignant hospitalier, les « combattants de la première ligne » selon les termes guerriers du gouvernement, en augmentant leur rémunération notamment. Des accords qui doivent encore être confirmés par le Parlement pour devenir pleinement effectif.

8,8 milliards d’euros de rémunération supplémentaire

Les éléments budgétaires des accords, les plus importants, sont en grande partie intégrés au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021. Adopté par l’Assemblée Nationale le 27 octobre dernier, il est actuellement débattu au Sénat. Un projet de loi déjà historique, puisqu’il prévoit un déficit record pour la Sécurité Sociale de 44,4 milliards d’euros pour l’année 2020 (contre 5,4 milliards prévus initialement) et de 27,1 milliards pour l’année 2021.

Le projet de loi comprend notamment la revalorisation des salaires des personnels des EPHAD et des hôpitaux prévue par les accords du Ségur. A la première augmentation de 90 euros par mois effective depuis septembre dernier suivra une seconde hausse de 93 euros à partir de mars prochain. D’autres revalorisations spécifiques pour certaines filières sont prévues : au total, plus de 8,8 milliards d’euros supplémentaires seront versés au titre des salaires du personnel soignant. Insuffisant pour Frédéric Valletoux, président de la Fédération des hôpitaux de France qui, dans une lettre ouverte au Premier Ministre Jean Castex, demande que la revalorisation soit étendue aux 55 000 fonctionnaires hospitaliers non-compris dans les accords de Ségur, notamment tous les travailleurs du secteur médico-social.

Les éléments non-budgétaires des accords de Ségur ont quant à eux étaient repris dans une proposition des lois des députés de La République en Marche (LREM) déposée le 22 octobre dernier.

Pêle-mêle, cette proposition de loi prévoit de créer un poste d’auxiliaire médical, sorte d’intermédiaire entre le médecin et l’infirmier aux prérogatives encore imprécises, de réformer la procédure de recrutement des praticiens hospitaliers ou encore de renforcer la lutte contre la rémunération « excessive » des intérimaires.

Vers une réforme de la gouvernance hospitalière ?

C’est essentiellement sur le plan de la gouvernance des hôpitaux que la proposition de la loi de la majorité entend intervenir. Durant la première vague, la gestion trop rigide et administrative des centres hospitaliers avait été dénoncée, certains médecins se plaignant de n’avoir que trop peu d’influence sur la prise de décision. La proposition entend ainsi renforcer les pouvoirs des médecins dans la gestion hospitalière. Le service pourrait ainsi redevenir « l’échelon de référence en matière de qualité des soins et d’encadrement des équipes » et le chef de service retrouverait son rôle clé.

La proposition de loi prévoit également que le directoire des établissements de santé comprendra désormais des représentants du personnel soignant, des étudiants en santé et des usagers. Une plus grande souplesse est accordée aux hôpitaux, qui bénéficieront d’un « droit d’option » concernant les modalités d’organisation interne. « Start-up nation » oblige, les établissements de santé devront désormais établir un « projet managérial » qui devra « définir les orientations stratégiques en matière de gestion de l’encadrement (…) à des fins de pilotage, d’animation et de motivation » …sans que l’on comprenne très bien ce que cela peut vouloir dire.

Nicolas Barbet

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