Le syndrome métabolique conserve ses mystères

Le syndrome métabolique consiste en une constellation d'anomalies cliniques et biologiques : hyperinsulinémie, obésité centrale, troubles de la tolérance glucidique ou diabète, élévation des taux de triglycérides, baisse des taux de HDL-C, augmentation des facteurs prothrombotiques et antifibrinolytiques , enfin hypertension artérielle.

Il est clair que le diabète de type 2 et le syndrome métabolique ont des bases génétiques communes solides. Les marqueurs correspondants ne sont pas encore identifiés, mais les gènes candidats ne manquent pas, par exemple, ceux codant pour les récepteurs des sulfonylurées (SUR) ou des PPAR?, pour ne citer que deux exemples (1). Pour progresser dans ce domaine, il faudra de grandes études épidémiologiques avec génotypage adapté à la recherche des polymorphismes fonctionnels coupables (1).
Dans cette attente, il faut se contenter d'observer l'augmentation de la prévalence du syndrome métabolique à l'échelon mondial, tout en sachant que sa définition n'a rien d'univoque ni d'universel (2). En effet, à l'heure actuelle, il n'existe pas moins de quatre définitions possibles pour ce syndrome, ce qui n'est pas fait pour simplifier son approche épidémiologique, pourtant plus que nécessaire, compte tenu de ses ravages, en termes de mortalité et de morbidité (2).

Si l'on prend en compte la définition de l'OMS, sa prévalence varie considérablement d'un pays européen à l'autre : chez les sujets de sexe masculin, elle atteint globalement 15 % au-dessous de 40 ans et plus de 30 % au-delà de 55 ans. Chez la femme, les chiffres correspondants sont de 5 % et 20 %. Si l'on prend la définition de l'EGIR (European Study Group of Insulin Resistance), ces chiffres sont plus faibles et la variabilité d'un pays à l'autre diminue nettement.
Sur le plan physiopathologique, l'insulinorésistance semble jouer un rôle cardinal, au moins en tant que dénominateur commun à certains syndromes inclus dans les définitions précédemment évoquées (3). Il existe d'ailleurs une corrélation étroite entre cette insulinorésistance et, d'une part, la mortalité cardio-vasculaire, et d'autre part, les composants du syndrome métabolique. Que faut il entendre par insulinorésistance ? En pratique, c'est l'impossibilité biologique pour l'insuline de parvenir à une utilisation optimale du glucose par le muscle squelettique, le tissu adipeux et le foie. Il en résulte une hyperinsulinémie compensatrice, tout à fait capable d'activer au niveau cellulaire des voies impliquées dans l'athérogenèse. Insulinorésistance et hyperinsulinémie convergent probablement au niveau de la cellule endothéliale pour parfaire l'ouvrage (3). Une corrélation étroite existe entre les effets de l'insuline et la réactivité vasculaire. Un rôle crucial est probablement imparti à la voie IRS/PI3K qui est commune à l'endothélium et au muscle squelettique. L'insulinorésistance s'associe à des perturbations de cette voie métabolique qui sont à l'origine de désordres biologiques divers : diminution de l'utilisation cellulaire du glucose et de la production de NO, augmentation de l'activation des métalloprotéinases MMP 2 et 9, apoptose des cellules endothéliales, ... L'hyperinsulinémie, pour sa part, conduit à une activation excessive de la voie des MAPK, ces kinases qui vont alors favoriser, au niveau des cellules endothéliales, certes la prolifération de celles-ci, mais aussi l'augmentation de la synthèse du PA1-1 et des récepteurs de l'endothéline. Il en résulte aussi une élévation de la sensibilité cellulaire aux effets de l'angiotensine II et des prostaglandines, tandis que la transcription des molécules d'adhésion augmente. Enfin, il faut mentionner, sous l'effet de l'insulinorésistance, l'activation du facteur nucléaire dit ?B, qui expliquerait la corrélation entre l'action de l'insuline et les taux circulants des protéines de la phase aiguë. Le syndrome métabolique est en plein démembrement physiopathologique, mais tous les mystères dont il est porteur sont loin d'être éclaircis. © Copyright 2003 http://www.jim.fr

Dr Philippe Tellier


1. Groop L. Genetics of the metabolic syndrome. ECE, Lyon, 26-30 avril 2003.
2. Borch-Johnsen K. Epidemiology of the metabolic syndrome. ECE, Lyon, 26-30 avril 2003.
3. Del Prato S. Physiopathology of the metabolic syndrome
ECE, Lyon, 26-30 avril 2003.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article