Difficile de savoir comment aborder le poster présenté par Lawrence Wyner autrement qu’avec un regard amusé. Urologue à la Marshall University de Huntington (Virginie Occidentale), il commence par rappeler que le dépôt de la licence de Gideon Sundback pour la fermeture éclair date de plus de 100 ans (on était en 1913). Il a fallu cependant plusieurs années pour que ce que l’on nommait à l’époque ‘separable fastener’ passe de l’industrie de la chaussure à celle du vêtement et prenne le nom de ‘zipper’.
Le succès allait être immédiat pour ce qui allait permettre d’uriner plus facilement, plus vite et en n’ayant besoin qu’une d’une seule main.
Mais chaque médaille a son revers et bien vite, le syndrome ZIRPI (zipper-related penile injury) allait faire son entrée dans la littérature médicale comme en témoigne un premier article publié dans le JAMA en 1936. Depuis lors, les études épidémiologiques ne manquent pas, l’une des dernières en date ayant été publiée en 2013 dans le BJU International. Ce travail portait sur les consultations en urgence au département d’urologie de l’université de Floride pour traumatisme pénien et signalait 17 616 accidents entre 2002 et 2010. La grande majorité d’entre eux étaient liés à un accident de fermeture éclair et les autres causes étaient principalement l’écrasement du pénis dans les lunettes de WC ! Plus précisément, les Zippers représentent la principale cause de traumatisme pénien chez les adultes aux Etats-Unis (près de 2 000 cas par an), alors que chez les enfants, c’est les accidents de lunettes de WC qui arrivent en tête, et les Zippers juste derrière.
« Quel est l’urologue qui n’a pas vu au moins un cas de ZIRPI dans sa carrière ? », souligne malicieusement Lawrence Wyner. « Et pourquoi cet instrument de torture n’a-t’il pas disparu du marché, alors que l’on dispose depuis les années 50 d’un autre moyen moins traumatisant avec le Velcro ? », poursuit-il. Quoi qu’il en soit, les facteurs de risque de ZIRPI sont connus : un âge inférieur à 18 ans, le fait de n’avoir pas été circoncis (ou de manière imparfaite) et la mode ‘commando’ qui consiste à ne pas porter de sous-vêtements.
Quant à la manière de délivrer un pénis coincé, plusieurs méthodes ont été proposées. Certaines sont farfelues : introduire un coton-tige entre les mailles de la fermeture. Et d’autres plus logiques : glisser très lentement la fermeture vers le bas, enduire généreusement la fermeture d’huile minérale et attendre 30 minutes à l’issue desquelles le prépuce se dégage habituellement spontanément (Am J Emerg Med 2005). Mais le meilleur moyen n’est-il pas préventif ?
A chacun sa religion…
Dr Dominique-Jean Bouilliez