Les troubles du sommeil sont très fréquents chez les personnes âgées. Près de 50 % d’entre elles s’en plaignent. Si la prévalence réelle est sans doute inférieure à ce chiffre, il s’agit toutefois d’un problème préoccupant. Il est vrai que le mauvais sommeil est associé au vieillissement ainsi qu’à plusieurs situations et/ou affections allant de pair avec ce dernier : sujets polymédicamentés, troubles du rythme circadien, syndrome d’apnées du sommeil, etc. Certains travaux ont montré que les troubles du sommeil augmentent avec le nombre de pathologies présentées par le sujet. Ainsi, une personne âgée qui n’a pas de problème de santé a un risque de 36 % d’avoir un trouble du sommeil, alors que si elle a plus de 4 problèmes de santé, cette probabilité atteint 69 %.
Les troubles du sommeil ont été associés au risque de dépression, d’altérations cognitives et de maladies cardio-vasculaires. Toutefois les liens unissant ces différentes pathologies ne sont pas encore parfaitement élucidés. L’étude PROOF apportera peut-être une réponse aux nombreuses questions qui se posent encore sur les phénomènes physiopathologiques qui unissent ces différents facteurs. Démarrée en 2001, cette étude incluait alors 1 011 sujets âgés de 65 ans qui constituent ce qu’il est maintenant convenu d’appeler la « cohorte PROOF ».
Le rôle crucial du système nerveux autonome
Le rôle du système nerveux autonome (système neuro-végétatif)
est au centre de l’étude. L’hypothèse de départ est que
l’altération de la régulation du système nerveux autonome est un
marqueur du vieillissement « non réussi ». Toutes les personnes
âgées ne subissent pas de la même façon les effets du
vieillissement, et l’âge « autonomique » pourrait avoir une valeur
supérieure à l’âge réel comme marqueur de morbidité ou de
mortalité. Mais comment expliquer les différences observées de
l’activité du système nerveux autonome selon les sujets ? Quels
sont les facteurs risquant de déstabiliser son fonctionnement
normal ? Le suivi au long cours de la cohorte PROOF devrait
contribuer à éclaircir ces points.
Quelques éléments de réponses étaient apportés par le Dr F. Roche
lors d’une communication présentée au Congrès du sommeil. Ils
concernaient l’impact des pathologies du sommeil (respiratoires et
non respiratoires) sur le système nerveux autonome, un impact
relevant d’associations complexes entre hypertension artérielle,
syndrome d’apnée du sommeil et vieillissement.
Hypertension artérielle et syndrome d’apnée du sommeil, ennemis d’un bon sommeil
L’hypertension artérielle pourrait avoir sur la qualité du
sommeil de la personne âgée une influence supérieure à celle du
syndrome d’apnées du sommeil. Par ailleurs, l’index de
fragmentation du sommeil (micro-éveils) paraît corrélé à un risque
augmenté d’hypertension artérielle. Des travaux ont également
révélé que l’augmentation de la pression artérielle nocturne est
associée à des pertes de substance grise en lobe frontal et
pré-frontal, elles-mêmes cohérentes avec des modifications des
tests cognitifs.
Quant au syndrome d’apnées du sommeil, sa prévalence est notable
chez les personnes âgées. Selon certains travaux, 40 % des
personnes âgées auraient 20 à 25 épisodes de désaturation par
heure, et 15 % en auraient 30 par heure. Ces dernières ont 2 fois
plus de risque de développer une hypertension, si elles ne sont pas
appareillées. D’autres travaux ont révélé une relation entre le
déclin cognitif et la somnolence diurne qui est souvent la
conséquence d’un syndrome d’apnées du sommeil.
Nombreuses sont les questions encore non élucidées auxquelles la cohorte PROOF apportera sans doute des réponses. Le Dr F. Roche évoquait en conclusion les futures pistes de recherche. Elles devraient porter notamment sur l’influence de la fragmentation autonomique du sommeil sur la cognition et sur le rôle que pourrait jouer sur le vieillissement un éventuel dysfonctionnement des centres régulateurs du tronc cérébral.
Dr Roseline Péluchon