La mouche du vinaigre, Drosophila melanogaster, est un sujet
particulièrement intéressant pour la recherche génétique. Et depuis
qu’il a été observé qu’elle présentait des épisodes pouvant être
assimilés au sommeil, elle est devenue la recrue idéale pour la
recherche génétique associée au sommeil. C’est ainsi que des études
menées sur la Drosophile ont suggéré que la durée du sommeil
pouvait être influencée par le gène ABCC9, gène présent aussi chez
l’homme. Mais c’est loin d’être le seul élément agissant sur le
sommeil.
Un bon sommeil est en effet le produit d’un équilibre entre la
régulation circadienne et la régulation homéostasique.
Une régulation circadienne et homéostasique
L’organisation circadienne, dépendante de notre horloge interne, est elle-même entraînée par des signaux rythmiques de l’environnement, les « synchroniseurs », tels que lumière/obscurité. L’organisation circadienne est influencée par le chronotype qui peut être de type matinal ou vespéral. Le Pr T. Roenneberg de l’Université de Munich a lancé une grande étude européenne dont les premiers résultats semblent indiquer que le chronotype peut varier selon la latitude, la saison, les habitudes culturelles, l’âge et le sexe.
La régulation homéostasique, quant à elle, influence la durée du sommeil. Elle dépend entre autres de la durée de la veille précédente. C’est sur la durée du sommeil qu’interviendrait le gène ABCC9 retrouvé chez la Drosophile.
Sans oublier les facteurs extérieurs
En dehors de ces régulateurs personnels, le sommeil peut être perturbé par des facteurs extérieurs. La perte des indicateurs de temps (« zeitberger ») notamment, est actuellement l’objet de nombreux travaux et a donné naissance au concept de jet lag social, conséquence d’un décalage entre le rythme interne et les horaires imposés par la vie quotidienne. Il n’est en effet pas toujours possible de choisir son horaire de sommeil…
Un exemple de jet lag social nous est offert par le travail posté, « immense expérience circadienne ». Selon le Pr T. Roenneberg, les travaux réalisés sur ce sujet montrent que le degré de perturbations que provoquent ces horaires décalés dépend grandement du chronotype du sujet. Les conséquences de ces perturbations devraient occuper un important champ de recherches dans les prochaines années. D’autant qu’elles ne consistent pas seulement en des troubles du sommeil, mais pourraient aussi être à l’origine de troubles organiques. Selon le Pr T. Roenneberg, la probabilité qu’une travailleuse de nuit développe un cancer du sein est multipliée par 4 si elle est de chronotype matinal.
Quid de votre chronotype ?
Il est possible de participer à l’enquête du Pr T. Roenneberg sur les chronotypes ( https://www.bioinfo.mpg.de/mctq/core_work_life/core/introduction.jsp?language=fr). Lors de son intervention au cours du congrès, il a déploré le manque de participation des français. Vous répondez au questionnaire et votre chronotype sera calculé et vous sera envoyé par mail !
Dr Roseline Péluchon