Le vêtement mis en examen

Paris, le samedi 25 mars 2017 - Dans de très nombreux secteurs, même ceux qui paraissent très éloignés des nouvelles technologies, l’avenir ne s’envisage pas sans passer par les "objets connectés". Cependant, dans certains secteurs, cette conviction s’accompagne de doutes sur la qualité des produits aujourd’hui disponibles. Telle est par exemple la problématique du vêtement connecté. Le monde du textile observe avec un mélange d’intérêt et de circonspection l’arrivée de ces dispositifs. Il redoute notamment les réticences des consommateurs : « Les gens ne veulent pas porter des vêtements qui n’ont plus un caractère textile : par exemple encombrants ou qu’on ne peut laver en machine » observe Lutz Walter, responsable recherche-développement et innovation chez Euratex, récemment interrogé sur le sujet par l’AFP dans le cadre d’un colloque organisé à Paris ce printemps. Dès lors, le vêtement connecté ne peut pas se contenter d’être un gadget.

Faire corps avec l'examen

L’utilité du vêtement connecté pourrait néanmoins s’illustrer en médecine où les initiatives se multiplient, même si dans ce domaine, les contraintes réglementaires sont un autre frein, comme le constate encore Lutz Walter. Ainsi, la start-up BioSerenity, incubée au sein de l’Institut du cerveau et de la moelle (ICM, hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris) développe-t-elle depuis 2014 des vêtements qui facilitent la réalisation de différents examens. Son projet le plus abouti, déjà utilisé dans de nombreux services de neurologie en France et dans d’autres pays, est le Neuronaute. Il s’agit d’un bonnet doté de 21 électrodes, destiné à la réalisation d’électroencéphalogrammes (ECG). L’avantage de ce système est de permettre d’enregistrer les résultats de l’activité électrique cérébrale du patient à domicile et sur une longue période, un atout pour le diagnostic et le suivi de l’épilepsie notamment. Aujourd’hui, ce bonnet s’est déjà imposé dans les zones où l’offre de soins en neurologie est réduite, comme en Guadeloupe où il est utilisé pour la réalisation d’une grande partie des électo-encéphalogrammes chez les patients souffrant d’épilepsie (ou suspectés d’en être atteints).

Concrètement, les données obtenues sont transmises à un cloud sécurisé que le praticien peut consulter à distance quand il le souhaite. Les résultats positifs enregistrés avec ce dispositif devraient contribuer à son remboursement, comme l’espère son promoteur Marc Frouin, directeur de BioSerenity. Dans le même esprit, la start up développe actuellement un vêtement similaire pour permettre la réalisation d'un électrocardiogramme pendant plusieurs jours ou encore un dispositif de dépistage des troubles du sommeil.

Des avantages restreints

Moins aboutis, d'autres projets développés par différentes start up sont également prometteurs. Ainsi un tee-shirt équipé de capteurs ambitionne de renforcer la rééducation des patients atteints de scoliose. Des dispositifs de protection contribuant à la régulation de la température sont également à l'étude. Mais pour l'heure les systèmes connectés développés sont souvent plus chers que les outils  existant actuellement et moins pratiques (en raison par exemple de la taille des batteries).

La phase de développement est donc encore loin d'être achevée.

Aurélie Haroche

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