
L’image en médecine prend d’autant plus de pouvoir qu’elle est
maitrisée et mesurée par rapport à un référentiel. La numérisation
est un atout majeur pour casser la complexité et la réorganiser en
vue d’une réponse binaire et d’une quasi-certitude qui augmente
l’efficience de l’acte médical. L’échographie est l’outil idéal de
l’approche binaire au travers d’artéfacts éclairants en rapport
avec les interactions du faisceau d’ultrasons avec les interfaces
tissulaires physiologiques ou pathologiques. Les exemples de
binarité en première ligne sont nombreux et recouvrent des
situations cliniques explorées dans le cadre de relations
clinique/écho scientifiquement validées qui ne doivent rien au
hasard. Le savoir partagé est la condition sine qua non du
succès dans un cadre défini, certes par les progrès techniques et
informatiques, mais aussi par la formation. Les images sont un
instrument et non une fin … en médecine comme ailleurs.
Celui qui montre est cru
Une situation clinico-échocardiographie valide ou validée est
à même de fournir une réponse échographique binaire à un problème
avec une quasi-certitude diagnostique. La priorité est aux
diagnostics maîtrisés en termes de sensibilité ou de spécificité,
mais aussi de valeur prédictive positive ou négative, leur mise en
pratique étant immédiatement partageable par le médecin et le
patient sur l’écran de la machine. Car si celui qui dit est
crédible, celui qui montre est cru.
La validation repose sur des études scientifiques à haut
niveau de preuve, publiées dans la littérature médicale
internationale. Un médecin généraliste bien formé peut atteindre la
même fiabilité qu’un spécialiste de l’imagerie pour répondre à une
question clinico-échographique précise, à condition d’avoir suivi
une formation spécifique courte : par exemple, 10, 25 ou 50 examens
selon l’indication retenue plus ou moins complexe. Exemples :
phlébite poplitée emboligène, anévrysme de l’aorte abdominale,
épanchement pleural liquidien, pneumothorax, dilatation de
l’hépato-cholédoque ou dilatation rénale, datation de la grossesse,
bursite etc. Toute la clinique ne peut être ainsi dépeinte, loin
s’en faut, mais l’existant permet d’ores et déjà de faciliter la
pratique médicale courante.
L’échographie honore de facto la médecine générale en
optimisant la relation médecin-malade. Elle est un vecteur
d’efficience pour l’acte médical en ce sens qu’avec des ressources
limitées, elle permet un gain d’information utile, voire cruciale.
Face à la complexité clinique, l’échographie apporte des solutions
binaires propres à chaque situation pour rassurer et se rassurer,
répondre aux attentes du couple médecin-malade en s’aidant d’images
en direct, étayer une piste clinique, communiquer et convaincre,
pour in fine faciliter le parcours de soins. C’est une aide
au diagnostic véritablement personnalisée.
C'est aux mentalités de suivre
Les machines et les techniques ont évolué: l’histoire de la médecine est là pour nous l’enseigner. C’est désormais aux mentalités de suivre et de mettre à profit les découvertes et les progrès de ces dernières décennies. Les exemples ne manquent pas pour illustrer le potentiel de cette technique entre les mains du médecin de premier recours, qu’il soit urgentiste ou généraliste. Sur le plan de la pratique, le médecin doit se former à une cinquantaine de diagnostics sûrs, auxquels l’échographie apporte une réponse binaire (oui/non) validée : ce début permet de mettre le pied à l’étrier. Cette phase peut être le prélude à des gestes d’échographie interventionnelle qui demandent une certaine maîtrise de la technique et une expérience. Mais il n’y a là rien d’impossible : c’est la motivation qui va en décider. La méthode est capitale et la pratique ne consiste pas à passer au hasard un coup de sonde sur tel ou tel organe : c’est avec un objectif précis, sur des bases solides, qu’il convient de pratiquer au cas par cas, en pensant de manière structurée.Résoudre immédiatement des problèmes urgents
Ainsi formé et sensibilisé, le médecin découvre rapidement que
l’échographie lui fait gagner du temps (contrairement aux idées
reçues), lui permet de faire des diagnostics plus précoces, de
résoudre immédiatement des problèmes urgents. Le médecin
généraliste peut ainsi orienter les patients à bon escient et en
toute pertinence vers un spécialiste ou un radiologue qui sera
capable d’apporter un éclairage différent et complémentaire sur une
problématique complexe.
Dr Philippe Tellier