L’enfant témoin de violences en est aussi la victime

L’enfant ou l’adolescent témoin de violences au domicile en subit de lourdes conséquences. Les réactions sont très variables d’un enfant à l’autre. Il peut présenter des symptômes anxieux pouvant évoquer un syndrome de stress post-traumatique. Certains enfants vont aller jusqu’à désinvestir les relations sociales, et présenter de véritables dépressions. D’autres au contraire vont présenter une adaptation « de surface », faussement rassurante, se traduisant par une hyper-vigilance. Les capacités attentionnelles et mnésiques sont alors très développées, au détriment des capacités de réassurance. Il s’agit ainsi d’une dyssynchronie entre les aspects perceptivo-cognitif et affectifs du développement psychique de l’enfant. Dans la plupart des cas, la gestion émotionnelle de cette maltraitance va être psychiquement très coûteuse pour l’enfant et le rendra indisponible pour les apprentissages. L’enfant aura lui-même plus souvent recours à la violence. Ainsi, 40 % des adolescents présentant un trouble des conduites ont été témoins de violence. Ils ont également plus souvent recours aux toxiques, et les jeunes filles ont plus fréquemment une grossesse précoce.

On a généralement tendance à considérer la situation des enfants témoins de violence comme moins « graves » que ceux qui en sont la victime directe. Cette mise au point permet de préciser qu’il n’en est rien.  Tous ces enfants subissent en effet des trajectoires très proches.  Les enfants témoins de violence sont d’ailleurs très souvent eux-mêmes victimes de maltraitance physique (15 fois plus que la moyenne nationale). L’évaluation de l’environnement est donc un élément clé de l’examen d’un enfant présentant une souffrance psychique, et plus généralement devant tout changement par rapport à l’état antérieur, signe très sensible dans les cas de maltraitance de l’enfant. Il faut donc chercher à préserver l’enfant de son environnement violent. Ainsi, l’aide aux femmes victimes de violences conjugales fait donc parfois partie intégrante de la prise en charge de l’enfant maltraité.

Dr Alexandre Haroche

Références
Medjkane F : Enfants et adolescents exposés à la violence domestique : conséquence pédopsychiatriques et développementales. Séance plénière numéro 4 : maltraitance. Congrès de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (Lille) : 23-24 juin 2017.

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Vos réactions (1)

  • Formation pour tous: les voeux avant la charrue

    Le 20 août 2017

    L'aide sociale ne suffit pas. Le repérage ne suffit pas. Répondre aux urgences et aux crises ne suffit pas. Les lourdes conséquences psychologiques - émotionnelles, affectives, cognitives - nécessitent des prises en charges thérapeutiques spécialisées par des spécialités expérimentés. Ces rôles oubliés, voire évincés ou déniés sont notamment ceux des psychiatres, des psychologues, des ré-éducateurs.

    Les plans qui se succèdent mettent uniquement l'accent sur le repérage et sur la "formation" - illusoire - et non définie, de tous. Les voeux avant la charrue! Il faut déjà connaitre et utiliser les thérapeutes des psycho-traumatismes, ces soignants formés et expérimentés qui sont déjà sur le terrain et travailler avec les structures de soins existantes CMPP, CAMPS, RASED, PMI, Libéraux Etc
    Sortir de l'emprise et des interactions pathogènes impose un travail au long cours. On ne va pas attendre 10 ans des soignants opérationnels, car c'est le temps sérieux qu'il faut pour acquérir certaines compétences du monde sensible.

    La pensée magique d'une formation pour tous (mais laquelle?) serait la panacée. De fait ce mythe est l'écorce d'un fruit vide, alimentant "la démo(m)cratie des crédules."

    Dr Isabelle Gautier

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