Le congrès de l’American Academy of Neurology est l’événement annuel du monde Neurologique. Il est le témoin de l’intense recherche effectuée dans le domaine des neurosciences et des maladies neurologiques …. par les pays occidentaux. De nombreuses affections neurologiques qui touchent les pays en voie de développement bénéficient en effet peu de l’intérêt des majors de l’industrie pharmaceutique. Les travaux sur les maladies neurodégénératives, dont la prévalence croissante suit l’augmentation de la durée de vie dans nos sociétés, sont infiniment plus nombreux que ceux effectués sur les maladies parasitaires affectant les générations africaines les plus jeunes. C’est pour cette raison, qu’il faut saluer une étude effectuée au Kenya sur le neuropaludisme et qui a fait l’objet d’une communication au cours de ce congrès.
Cette affection peut être mortelle chez de nombreux patients
pour des raisons encore mal déterminées. Une équipe mixte kenyane
et anglaise a donc recherché une corrélation entre certains
biomarqueurs du LCR et le pronostic neurologique du neuropaludisme.
Ils ont mesuré chez 124 enfants les taux sériques et dans le LCR du
TNFα, de l’érythropoïétine (EPO) et du VEGF. Le TNFα est une
cytokine inflammatoire qui est très agressive pour le système
nerveux central alors que les deux autres molécules sont plutôt
neuroprotectrices. En effet de nombreux travaux ont démontré les
potentialités neurotrophiques de l’EPO dans des modèles animaux de
sclérose en plaques, d’accident vasculaire cérébral et de trauma
crânien.
Les patients ont été séparés en 3 groupes : 76 sans trouble
cognitif, 32 avec séquelles, et 16 décédés. Les enfants avec un
taux sanguin d’EPO > 200 avaient plus de 80 % de chances
de ne pas avoir de troubles cognitifs séquellaires par rapport
à ceux avec un taux < 200. Il n’existait aucune
corrélation avec les taux de VEGF et de TNF. Les auteurs
concluent au rôle favorable de l’EPO dans cette affection et
suggèrent qu’elle pourrait être utilisée en traitement
adjuvant.
On peut rêver et espérer que ce médicament onéreux quitte définitivement la trousse de toilette des sportifs et soit prescrit aux enfants africains. Mais un autre monde thérapeutique est-il possible ?
Dr Christian Geny