
Un nombre de plus en plus élevé de patients atteints de
pathologies inflammatoires bénéficient aujourd’hui de biothérapies
qu’il s’agisse de psoriasis modéré à sévère (Pso), de polyartrhrite
rhumatoïde (PR), de rhumatisme psoriasique (RP) ou de maladies
inflammatoires du tube digestif (MITD). Revers de la médaille de
leur efficacité, ces biothérapies qui interférent toutes à des
niveaux variables avec le système immunitaire sont susceptibles
d’augmenter les risques infectieux et
carcinologiques.
Dans ce cadre, la question du risque de mélanome sous
biothérapie est particulièrement cruciale en raison de la gravité
de cette tumeur lorsqu’elle est évoluée.
Une équipe de Manchester s’est attaquée à ce problème grâce à
une méta-analyse des études publiées sur ce thème qui comparaient,
sur une durée minimum d’un an, des patients souffrant d’une des
maladies précitées exposés ou non à une
biothérapie.
Dix études portant sur 76 331 patients exposés et 151 278
patients non exposés ont été incluses dans ce
travail.
Globalement le risque de mélanome est apparu plus élevé chez
les patients sous biothérapie mais la relation n’a été
statistiquement significative que pour les patients souffrant d’une
MITD (risque relatif [RR] : 1,58 avec un intervalle de confiance à
95 % entre 1,02 et 2,43). Pour les psoriasis, le rhumatisme
psoriasique et la PR, les risques relatifs étaient respectivement
de 1,03, 1,70 et 1,05 et n’atteignaient pas le seuil de
significativité statistique.
Compte tenu du nombre limité de sujets inclus pour certaines
pathologies, de la limite inférieure très proche de 1 pour les
MITD, des facteurs de confusion possibles (comme par exemple la
durée d’exposition solaire) et du suivi relativement court pour une
étude portant sur la carcinogénèse, ce travail ne permet pas
d’éliminer un sur risque de mélanome chez les sujets atteints d’un
psoriasis, d’un RP ou d’une PR soumis à une biothérapie ni
peut-être d’affirmer un risque pour les sujets atteints d’une
MITD.
Dr Gilles Haroche