La bronchiolite est une cause majeure de morbidité chez le jeune enfant. En raison de sa similitude clinique avec l'asthme, plusieurs équipes ont étudié les effets des traitements actifs sur les bronches avec des résultats parfois décevants.
De façon à réévaluer les effets des bronchodilatateurs inhalés chez les enfants de 2 mois à 2 ans, hospitalisés pour une bronchiolite modérée, E.E.L. Wang et coll. ont effectué une étude randomisée avec quatre groupes de patients : les enfants ont reçu soit du salbutamol (0,15 mg/kg ou 0,03 ml/kg/dose), soit un placebo, puis une heure plus tard une administration de bromure d'ipatropium (125 µg avant l'âge de 6 mois ou 250 µg chez les enfants plus âgés) soit un placebo. Les quatre groupes constitués ont donc reçu respectivement : salbutamol et placebo, salbutamol et ipatropium, ipatropium et placebo, placebo et placebo.
Les enfants qui ne répondaient pas en salle d'urgence à une administration de 2 ou 3 inhalations de salbutamol ont été hospitalisés, les autres ayant été rendus à leur famille avec un traitement oral, le plus souvent à base d'orciprénaline.
Les traitements ont été administrés en 15 à 20 minutes par un masque facial et un nébuliseur, fonctionnant grâce à un flux d'oxygène de 6 à 7 l/min. Les deux médicaments ont été administrés toutes les 4 heures pendant la durée de l'hospitalisation ou pendant 3 jours.
Une classe thérapeutique inutile dans cette pathologie
Un prélèvement pharyngé a été effectué pour rechercher un virus respiratoire ; la saturation en oxygène a été mesurée à l'admission et les jours suivants. Les critères cliniques ont été évalués : la fréquence respiratoire, le wheezing, la rétraction et l'état général ont été soigneusement notés.
Sur 342 enfants hospitalisés entre janvier 1988 et juin 1989, seuls 62 enfants ont pu être inclus dans l'étude. Le virus respiratoire syncitial a été identifié dans 16 cas sur 60. Une différence a été observée entre les quatre groupes : les sujets recevant le salbutamol et le bromure d'ipatropium ont eu des résultats d'oxymétrie meilleurs que ceux recevant les deux produits séparément. Cependant ces résultats n'étaient pas significativement supérieurs à ceux du placebo. Les enfants ayant reçu du salbutamol seul ont même eu une baisse de leur oxymétrie. Les scores d'évaluation clinique n'ont pas été différents, la meilleure amélioration étant d'ailleurs observée dans le groupe placebo.
Ces résultats laissent penser que les bronchodilatateurs n'ont décidément pas d'effets cliniques évidents dans le traitement des bronchiolites modérées du nourrisson et que l'utilisation du salbutamol peut éventuellement entraîner l'apparition d'effets indésirables
Nicole Triadou
Wang E.E.L. et coll. : "Bronchodilators for treatment of mild bronchiolitis : a factorial randomised trial". Arch. Dis. Child., 1992 ; 67 : 289-293.
TRIADOU NICOLE