Les coûts de la goutte en Europe

La goutte est une pathologie chronique fréquente, d’évolution progressive et souvent invalidante qui touche 1,4 % de la population. Elle provient d’un excès d’acide urique dans le sang qui peut entraîner des accès douloureux aigus et, à long terme, des dépôts de cristaux responsables d’une destruction tissulaire et osseuse. Outre le traitement des crises, il est souvent nécessaire de prévoir une prise en charge prolongée pour éviter les récidives et prévenir les complications.

Une étude observationnelle croisée de 231 patients goutteux a été menée au Royaume-Uni (n=51), en France (n=29) et en Allemagne (n=150) entre avril 2006 et mai 2007 pour évaluer les coûts de prise en charge de la maladie et identifier les facteurs susceptibles de les modifier. La période d’observation s’étendait de 6 mois à 3 ans selon les patients.

Les sujets de l’étude avaient un âge médian égal à 61 ans et étaient de sexe masculin dans les trois quart des cas. Plus des 2/3 avaient présenté au moins une crise de goutte au cours de  la période d’observation. Les coûts moyens d’un traitement de crise de goutte et d’un traitement hypo-uricémiant sur 6 mois étaient plus élevés au Royaume-Uni (405 et 482 €) par rapport à la France (306 et 232 €) et à l’Allemagne (205 et 156 €). Les postes de dépense clés étaient les suivants : consultations (entre 20 et 70 %), médicaments (10 à 42 %), tests diagnostiques (12 à 35 %) et complications (8 à 21 %). Les coûts du traitement d’entretien étaient plus élevés chez les patients qui présentaient une atteinte de la fonction rénale.

L’analyse multivariée a montré une corrélation entre l’augmentation de l’uricémie et celle du risque de crises de goutte (OR : 1,48), mais pas d’association significative avec les coûts. Sur les 129 patients salariés, un arrêt de travail a été prescrit au cours d’une période de 3 mois chez 39,5 % des britanniques, 29,7 % des allemands et 29,6 % des français. Les durées médianes de ces arrêts étaient respectivement de 4, 4 et 12,5 jours, ce qui équivalait en perte de productivité annuelle à 1930 € par patient salarié en France contre 709 € en Allemagne et 850 € au Royaume-Uni.

Le traitement des accès de goutte et de l’hyperuricémie représente donc un fardeau économique. Bien que le taux d’uricémie ne soit pas corrélé de façon linéaire avec les coûts de traitement, les patients dont le taux dépasse le seuil de 60 mg/l fixé par l’EULAR présentent un risque de crises plus élevé, ce qui augmente indirectement les coûts de leur prise en charge. Ces résultats confirment ceux des études américaines qui signalent un coût plus élevé de prise en charge des patients dont l’uricémie est supérieure à 60 mg/l. Le suivi des recommandations de l’EULAR permettrait ainsi de diminuer à la fois l’incidence des crises de goutte et le coût des soins.

Dr Odile Biechler

Référence
Van Vlaenderen I et coll. : European study of resource use and cost of illness in patients with gout. EULAR 2008 (Paris) : 11-14 juin 2008.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article