Les enfants ont-ils un comportement alimentaire adapté?

C’est la question à laquelle a répondu le Dr Nathalie Rigal, psychologue et chercheur à l’Université Paris Ouest. Pour elle, un enfant qui a un comportement alimentaire adapté est un enfant qui mange avec plaisir, une alimentation variée et en quantité qui satisfont ses besoins énergétiques.

Les études réalisées chez le nourrisson sont rassurantes. Le plaisir, la variété et l’autorégulation des quantités ingérées sont des éléments retrouvés chez les moins de 15 mois. Mais après cet âge, leur comportement alimentaire se complique. « Les enfants deviennent néophobes et sélectifs », observe N. Rigal. Or, les pratiques éducatives dans le domaine alimentaire pourraient influencer ces comportements. Le style éducatif, en particulier. Celui-ci varie selon deux dimensions : le contrôle (existence de règles, souples ou rigides) et les ajustements (capacité à centrer sur les besoins et goûts de l’enfant, contexte chaleureux). Les études internationales s’accordent sur le fait qu’un style éducatif démocratique (existence de règles souples, expliquées et négociables) et le style autoritaire (imposition de règles rigides), partagent le principe de proposer de façon répétée un aliment et de le goûter. « Ce qui permet à la préférence d’évoluer positivement », constate N. Rigal. « Et dans le cas du style démocratique, le contexte chaleureux des repas est encore plus favorable », ajoute-t-elle. Au contraire, le style permissif (peu de règles, mais parents centrés sur les besoins des enfants) est une entrave à la consommation répétée d’aliments au départ peu appréciés. « Ce style permissif favorise la néophobie, tout comme les stratégies de coercition ou d’énervement, de chantage ou de modification du goût des aliments ». A cela, s’ajoute incontestablement le tempérament de l’enfant. « Lorsque celui est très opposant c'est-à-dire résistant à obéir, les consignes autoritaires ne fonctionnent pas davantage que celles démocratiques ». Concernant l’autorégulation des apports, qui diminue avec l’âge, le contrôle exercé par les parents pourrait avoir un impact négatif. Des études aux USA révèlent que plus les mères contrôlent l’alimentation de leur fille (4-6 ans), plus l’enfant augmente ses prises alimentaires. « Le contrôle éloigne l’enfant de ses propres sensations », commente N. Rigal, avant d’ajouter que « ce contrôle est souvent expliqué par des problèmes de poids ou de comportement alimentaire dans la famille ».

La psychologue conclut que la très grande majorité des enfants est armée pour devenir des mangeurs adaptés. Mais certaines pratiques éducatives, préoccupations parentales et sociétale (besoin de minceur) tendent à déréguler cette bonne capacité d’autorégulation. Enfin, ces pratiques et préoccupations n’ont pas le même effet selon le tempérament de l’enfant. Un point à ne pas oublier en consultation.

Cyrille Costa

Article rédigé dans le cadre de la rubrique nutrition, soutenue par Lesieur. Le choix des sujets et la ligne éditoriale sont sous l'entière responsabilité du JIM.

Références
Rigal N: Comportement alimentaire de l’enfant : néophobie et préférences alimentaires. Dietecom (Paris): 26-27 mars 2015.

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