
Le registre France-TAVI riche des données de 12 141 patients a
permis de comparer les mérites de la valve expansible par ballonnet
(BE THV) et de la valve auto expansible (SE THV).
Après application d’un score de propension prenant en compte 25 variables cliniques ou anatomiques majeures ainsi que le moment de réalisation de l'intervention (par tranches de 3 mois), il a été possible de mener l'analyse sur une population de 3 910 patients appariés ayant reçu l'une ou l'autre des deux valves. Avant application de ce score, il y avait un déséquilibre net sur 4 caractéristiques : diamètre de l’anneau aortique, année de la procédure, type de salle d’intervention et approche transfémorale.
Dans le cadre d'un suivi médian de 20 mois, il est rapporté une moindre occurrence du premier co-critère principal dans le bras BE THV : 11,9 % versus 19,8 % (p < 0,0001). Avantage significatif également au bras BE THV pour les fuites paravalvulaires (8,3 % versus 15,5 % ; p < 0,0001), les décès hospitaliers (4,2 % versus 5,6 % ; p =0,01), la mortalité globale à 2 ans (26,6 % versus 29,8 % ; p = 0,002) et la mortalité cardiovasculaire à 2 ans (20,9 % versus 23,3 % ; p = 0,001). La différence en matière de décès apparaît précocement (dans les 3 premiers mois) après quoi les courbes de survie sont parallèles.
Dans le bras SE THV, il est constaté un nombre
significativement plus important d'implantation d'une seconde
valve, d'infarctus et de poses de pacemaker. En revanche, le
gradient transvalvulaire moyen est significativement
moindre.
Globalement, les résultats vont dans la même direction pour
tous les sous-groupes testés.
Au total, ces résultats suggèrent que les deux types de valves les plus utilisées à ce jour n'apportent pas le même bénéfice. Un enseignement particulièrement utile en raison de l’ampleur des procédures TAVI à l’heure actuelle. Bien entendu, comme pour toutes les études de registre, il n'est pas possible d'éliminer complètement le risque de facteurs de confusion non corrigés. Ce qui rend d'autant plus crucial le besoin d'une large étude prospective randomisée comparant les deux types de valves.
Dr Jean-Claude Lemaire et Dr Eric Tison