Les entérovirus à tropisme respiratoire : des pathogènes sous-estimés

Le genre Entérovirus (EV) comprend 12 espèces dont 7 sont pathogènes pour l’Homme (4 espèces d’Enterovirus Humains [HEV] et 3 espèces de Rhinovirus Humains [HRV]). Les HRV et HEV sont reconnus comme des pathogènes respiratoires fréquemment responsables d’infections des voies aériennes supérieures et inférieures chez l’enfant et l’adulte. La grande diversité génétique du genre Entérovirus (EV) explique qu'actuellement une partie d’entre eux ne soit pas détectable par les techniques virologiques moléculaires conventionnelles utilisées en virologie clinique ou dans le cadre de la surveillance épidémiologique. Ceci soutient l’hypothèse d’une sous-estimation de la prévalence et du rôle des virus du genre EV dans les pathologies respiratoires aiguës infantiles comme la bronchite, la bronchiolite, et les épisodes d’exacerbation de l’asthme infantile.

Une étude rétrospective a été réalisée sur une cohorte de 309 enfants hospitalisés au CHU de Reims en 2009-2010 pour une infection respiratoire aiguë non documentée microbiologiquement par la réalisation des tests virologiques et bactériologiques conventionnels. En utilisant une RT-PCR quantitative générique "Pan-Entero-Rhino" suivie d’une RT-PCR de typage et un séquençage moléculaire sur les gènes de capside VP4/VP2, le génome des EV (HEV et HRV) est retrouvé dans 60,5 % (n = 187/309) des aspirations naso-pharyngées des enfants hospitalisés, identifiant 15 infections à HEV (dont 10 souches HEV-68) et 172 à HRV. L’ensemble des données de cette étude confirme l’importance du rôle étiologique des HRV et des HEV dans les infections des voies respiratoires basses chez les enfants hospitalisés. L'association significative de la détection des EV par biologie moléculaire, des charges virales élevées et des symptômes cliniques d'infection des voies respiratoires supporte l'hypothèse d'une infection virale réplicative dans le tractus respiratoire et non d’un portage viral asymptomatique ou d’infections chroniques répétées sur un terrain atopique et/ou asthmatique.

Dr Muriel Macé