LES FEUX DE L' AMOUR

Madeleine est une femme de 52 ans, d'allure très jeune. Elle est adressée en consultation de psychiatrie sur les conseils conjoints d'un dermatologue et d'un neurologue.

L'histoire de cette patiente remonte à quelques semaines auparavant, où celle-ci décide de se faire dessiner un tatouage sur le pourtour des lèvres, «parce que c'est joli et que ça donne l'air plus jeune», commente-t-elle. Quelques jours plus tard, Madeleine éprouve des sensations de picotement et des brûlures au niveau du bas du visage. Estimant que ces phénomènes pouvaient être dus à une réaction locale, elle décide de consulter. Sur le plan dermatologique, aucune lésion n'est constatée. Le neurologue, quant à lui, élimine formellement une pathologie organique, en particulier une affection démyélinisante de type SEP. Il n'existe pas non plus de concordance entre la localisation des symptômes et un territoire d'innervation précis. Devant l'anxiété croissante de la patiente et l'absence de signes objectifs, il lui est proposé de prendre l'avis d'un psychiatre.

Après une certaine réserve, Madeleine formule de façon lapidaire le motif de sa visite : «J'ai les lèvres en feu !». Sur le plan psychiatrique, elle n'a aucun antécédent mais présente actuellement un état d'angoisse dont le support principal semble être constitué par les troubles de la sensibilité cutanée péri-buccale. Mais rapidement, elle en vient à aborder sa situation personnelle qui la perturbe. Divorcée depuis de nombreuses années après quelques mois de mariage avec un garçon qu'elle n'avait jamais vraiment aimé, mais qu'elle voit toujours au titre de confident, Madeleine a élevé seule son fils, qui a maintenant 23 ans. En ce moment, celui-ci projette de s'autonomiser et fréquente assidûment une jeune fille avec laquelle il élabore des projets d'avenir. Cette perspective inquiète beaucoup notre patiente, qui prétend ne pas supporter la solitude. Pourtant, quand son ami actuel, un homme marié en instance de divorce, lui demande d'opter pour la vie commune ou la rupture, le choix s'avère impossible à faire pour Madeleine, qui se montre très ambivalente.

Par ailleurs, la confrontation à la période de la ménopause l'angoisse terriblement. Elle reconnaît aisément qu'elle tente de compenser la perte d'un des aspects de sa féminité par la recherche permanente d'une apparence juvénile, d'où le tatouage, le port de robes courtes et de chaussures modernes, la teinture blond-platine de ses cheveux.

Au fur et à mesure de l'entretien, la patiente parle beaucoup plus d'elle que du symptôme ayant motivé la consultation. Elle manifeste envers ce dernier un comportement d'indifférence pour se concentrer sur son discours. Alors qu'elle prétendait ne rien avoir à dire, il nous faut interrompre l'entretien au bout d'une heure.

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