Les Huari avaient déjà la réponse

Lima, le samedi 27 juin 2015 – L’eau a toujours été un enjeu majeur à Lima, la plus grande cité (après le Caire) construite en milieu désertique. Si la sécheresse est aujourd’hui accentuée par le réchauffement climatique, les mêmes fléaux se répètent depuis des temps immémoriaux. Pendant plusieurs mois, les rivières asséchées alimentent la pénurie, tandis qu’en automne, la fonte des neiges entraîne inondations et glissements de terrain. Des solutions sont recherchées depuis des années pour faire face à cette situation qui ne cesse d’empirer. La construction d’une usine de dessalement d’eau de mer a été longtemps envisagée. Mais aujourd’hui, une technique bien moins coûteuse est étudiée avec attention.

Un système hydraulique ingénieux

Civilisation pré-inca, les Huari, installés dans les Andes entre 550 et 900 après Jésus Christ, avaient conçu il y a 1 500 ans un système hydraulique permettant de combattre les périodes de sécheresse intense et de limiter les désastres de la fonte des neiges.  Le réseau des amunas (ou mamanteaos) capture l’eau provenant des torrents de haute montagne à plus de 4 000 mètres d’altitude. Les canaux ralentissent son écoulement et  permettent de remplir les nappes phréatiques, afin de pouvoir disposer à la saison sèche de la quantité d’eau nécessaire. « L’idée est de construire un décalage dans le système hydraulique, pour retarder le ruissellement des eaux pendant des semaines ou même des mois jusqu’à ce que l’on bénéficie d’approvisionnement en eau pendant la saison sèche », résumait il y a quelques semaines pour le New Scientist, Bert de Bièvre, hydrologue de l’ONG Condesan.

Augmenter de 60 % la quantité d’eau disponible

Les amunas fonctionnent toujours. Ils sont utilisés à San Andrés de Tupichocha dans la province péruvienne de Huarochiri. Une étude conduite par l’ONG Forest Trends Water Initiative, présentée l’année dernière à Pékin, a estimé que la réhabilitation peu complexe techniquement, de 50 amunas installés au-dessus de Lima permettrait d’augmenter de 60 % (soit 26 millions de mètres cubes) la quantité d’eau disponible dans les rivières alimentant Lima.  Par ailleurs, les risques d’inondations et de glissements terrains seraient fortement réduits. La solution aurait par ailleurs l’avantage d’être bien plus économique que la création de l’usine de dessalement. Aujourd’hui, des travaux sont conduits pour recenser les canaux existants.

Aurélie Haroche

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