Dans le domaine des infections pulmonaires à mycobatéries non tuberculeuses (MNT), on dispose d’assez peu de données épidémiologiques nationales. D’où l’intérêt des résultats du réseau MycoMed (réseau français de mycobatériologistes) communiqués lors d’une session de ce congrès. La cohorte était constituée de tous les cas d’infections pulmonaires à MNT en 2009 et 2010 et a concerné 18 centres.
Au total, 192 patients ont été étudiés dont 105 hommes, âgés en moyenne de 63,5 ans. Les malades atteints de mucoviscidose ou d’une tuberculose active ont été exclus de l’analyse.
Parmi les mycobactéries isolées, on dénombrait 118 mycobactéries du complexe Mycobaterium avium (MAC, qui comprend M. avium et M. intracellulare), 36 M. xenopi, 15 M. kansasii, 13 MNT à croissance lente et 10 « autres » MNT.
L’expression radiologique des infections à MNT prend 3 formes principales : une forme nodulaire dans 31,8 % des cas, des infiltrats pour 27,6 % des malades et une atteinte cavitaire (26 %). Une correspondance entre la population à risque, les anomalies radiologiques et la nature de la MNT a été mise en évidence. Ainsi, la majorité des formes nodulaire se retrouve chez les femmes atteintes d’une infection à MAC, alors que les atteintes cavitaires prédominent lors des infections à M. Xenopi et M. Kansasii , MNT isolées essentiellement chez les patients de sexe masculin.
Sur un suivi de 2 ans, 42 décès (21,8 %) sont survenus. La mortalité à cette échéance varie selon la MNT : 38,5 % pour M. kansasii, 25,7 % pour M. xenopi et 10,7 % pour MAC. En analyse de survie multivariée selon le modèle de Cox, 2 facteurs protecteurs ont été retrouvés. Il est ainsi de meilleur pronostic d’avoir une présentation radiologique nodulaire (risque relatif [RR] de décès de 0,41 ; p = 0,01) et de recevoir un traitement antibiotique adapté de la MNT (RR de décès de 0,42 ; p = 0,01). En revanche, l’infection à M. kansasii est associée à une évolution plus péjorative avec un risque relatif de décès de 2,7 (p = 0,048) alors que le traitement de cette mycobactérie est, a priori, bien codifié.
Dr Béatrice Jourdain