
Extrêmement utilisés seuls et au long cours depuis des
décennies en France, souvent en contraception, les
macro-progestatifs voient aujourd’hui de multiples nuages
s’amonceler au-dessus de leurs têtes.
En premier lieu, ils génèrent une hypoestrogénie circulante
prolongée dont l’impact osseux peut inquiéter. Le plus puissant
d’entre eux, l'acétate de médroxyprogestérone (MPA), (heureusement
peu utilisé en France) est rendu responsable de perte osseuse en
particulier avant l’âge de 20 ans.
Par le biais de cette hypoestrogénie et d’une
insulino-résistance intrinsèque, les macro-progestatifs pourraient
augmenter le risque coronarien, comme le MPA dans le traitement
hormonal de la ménopause. On connait aussi l’influence du choix du
progestatif dans le risque thrombo-embolique veineux, comme dans
l’étude WHI à propos du traitement hormonal de la ménopause ou dans
un travail français impliquant les nor-prégnanes.
Le MPA, toujours lui, a également été mis en cause dans
l’étude WHI sur le risque de cancer du sein chez la femme
ménopausée. En France, l’étude E3N a objectivé le même sur risque
avec les progestatifs artificiels dits « de synthèse
».
Enfin, la polémique sur le risque de méningiome sous
macro-progestatifs enfle actuellement avec une plausibilité
biologique liée à la présence de récepteurs à la progestérone sur
la plupart des méningiomes. La possibilité d’un lien entre la prise
d’acétate de cyprotérone à long terme et la survenue de méningiome
avait été soulevée dès 2008 par le Pr S. Froelich. Actuellement,
une imagerie cérébrale par IRM doit être réalisée avant ou en début
de traitement par Androcur® ou ses
génériques pour toutes les patientes. En cas de poursuite de
traitement, I'IRM sera renouvelée dans les 5 ans qui suivent, puis
tous les 2 ans si I'IRM à 5 ans est normale. Il est demandé de
contacter les patientes actuellement traitées pour réévaluer la
nécessité de poursuivre leur traitement et envisager un contrôle
par IRM si la poursuite du traitement est décidée.
On évitera cependant la prescription
d’Androcur® après 40 ans et on sera prudent
avec les macro-progestatifs en général…
Dr Catherine Azoulay