Les cholangiocarcinomes (CCK) ont à juste titre la réputation
d’être une pathologie maligne grave, de pronostic sombre. Le taux
de survie à 5 ans est inférieur à 3 %, ce qui illustre amplement
cette notion. Seule la chirurgie radicale offre un réel espoir de
guérison.
Face à des tumeurs malignes aussi graves, il semble légitime
d’opposer des stratégies thérapeutiques agressives, pour peu
qu’elles soient ciblées et adaptées à chaque malade.
Une étude rétrospective réalisée au CHU d’Amiens permet de se
faire une idée du bien-fondé de cette approche du problème. Entre
octobre 2003 et octobre 2006, 105 patients atteints d’un CCK
intrahépatique (CIH), hilaire (CH) ou touchant la voie biliaire
principale (CVBP) ou la vésicule biliaire (CVB) ont bénéficié d’une
prise en charge multidisciplinaire agressive. Le diagnostic
histologique a été obtenu dans la majorité des cas (77 %, 86/105).
L’âge moyen des patients était de 69 ans (31-96 ans).
La prise en charge thérapeutique a été largement conditionnée par
la localisation anatomique du CCK.
Ainsi, en cas de CIH (n=24), ont été réalisés un drainage biliaire
(n=5) et une embolisation portale (n=3).
En cas de CH (n=39), le drainage biliaire a été le geste le plus
couramment effectué (n=27), devançant largement l’embolisation
portale (n=6). Une coelioscopie exploratoire a été effectuée chez
28 % des patients, qui a permis une résection de la lésion dans 10
% des cas. Une photothérapie dynamique a été entreprise chez 6
patients.
En cas de CVBP (n=19), un drainage biliaire a concerné 10 patients,
une duodénopancréatectomie céphalique étant réalisée chez 7
patients.
En cas de CVB (n=23), le drainage a été le fait de 8 patients,
cependant qu’une résection à visée curative était secondairement
effectuée dans 7 cas (30 %).
En cas de drainage biliaire préopératoire, une complication est
survenue une fois sur trois (33 %), à type de pancréatite aiguë
biliaire, d’angiocholite, de migration de prothèse ou encore de
bilome.
Certes, le traitement du CCK est le plus souvent palliatif, mais
cette étude rétrospective démontre qu’une prise en charge agressive
ciblée est possible dans certains cas. Elle permet de réaliser des
résections à visée curative, au prix d’un risque opératoire élevé
qui doit être pris en compte dans les décisions
thérapeutiques.
Dr Henri Barrat