Les NACO, une prescription à recadrer !

Trois nouveaux anticoagulants oraux (NACO) sont apparus en France depuis 2008 (dabigatran, rivaroxaban et apixaban). Depuis 2012, ils sont indiqués en prévention des accidents thromboemboliques, notamment des accidents vasculaires cérébraux (AVC) chez les patients ayant une fibrillation auriculaire non valvulaire.

Selon les données de ventes, les NACO représentent 30 % des anticoagulants utilisés en 2013, et près de la moitié des premières prescriptions d’anticoagulants.

Le Dr Denis Pouchain, médecin généraliste rôdé à l’exercice de l’analyse bibliographique, a fait le point sur les études permettant d’établir leur rapport bénéfice/risque et sur les recommandations actuelles concernant les NACO. Il souligne que les travaux dont nous disposons sont essentiellement des études de non infériorité par rapport à l’AVK de référence, sauf pour l’apixaban qui bénéficie d’une étude de supériorité.

Les NACO ont des avantages : très commodes en pratique courante du fait de leur prise orale, ils ne nécessitent pas de contrôle biologique et s’administrent à dose fixe. Leur rapport bénéfice/risque n’est pas sensiblement différent de celui des AVK. Mais ils présentent quelques inconvénients. En pratique courante, nous ne pouvons pas mesurer le degré d’anticoagulation qu’ils induisent. Leur demi-vie est plus courte que celle des AVK, et leur action est très sensible à l’oubli d’une prise. Enfin, il n’existe pas d’antidote aux NACO en cas de surdosage et ils sont aussi susceptibles d’induire des hémorragies graves.

La recommandation est donc la suivante (Fiche « bon usage du médicament » de la HAS, juillet 2013) :
■ « Les AVK restent la référence en prévention des accidents thrombo-emboliques en cas de fibrillation auriculaire. Il n’existe à l’heure actuelle aucun argument scientifique pour remplacer un traitement par antivitamine K efficace et bien toléré par un NACO.
■ Les NACO représentent une alternative aux AVK. (…) La prescription des NACO peut notamment être envisagée chez les patients sous AVK, mais pour lesquels le maintien de l’INR dans la zone cible (entre 2 et 3) n’est pas habituellement assuré malgré une observance correcte ; ou chez les patients pour lesquels les AVK sont contre-indiqués ou mal tolérés, qui ne peuvent pas les prendre ou qui acceptent mal les contraintes liées à la surveillance de l’INR ».

Véronique Canac

Référence
Pouchain D : Les nouveaux anticoagulants (NACO) : vrai progrès ou prochain scandale sanitaire ? Séance plénière du Collège de Médecine générale. 8ème congrès de Médecine générale (Paris) : 3-5 avril 2014.

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Vos réactions (1)

  • Diminution du risque d'hémorragie cérébrale

    Le 18 avril 2014

    Si les AOD ne sont pas supérieurs aux AVK pour la prévention des AVC ischémiques dans la FA, ils ont un gros avantages dans la réduction du risque hémorragique cérébral (réduction de plus de 50 %) à ce titre ils sont à privilégier comme le préconisent la SFC et SEC dans leurs reco.
    Dr JP Robin

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