
Ce lundi, la police thaïlandaise a ainsi procédé à une
descente de police dans le petit monastère bouddhiste de Bung Sam
Phan, dans le centre de la Thaïlande, sans que les autorités
n’aient révélé ce qui les avait conduit à s’intéresser à ce
monastère. Les quatre moines, dont le responsable du monastère, ont
alors été soumis à un test anti-drogue. Surprise, les quatre bonzes
ont été testés positifs à la métamphétamine. L’ensemble des
religieux ont donc été suspendus de leur fonction, exclus du
monastère et adressés à un centre de désintoxication.
Moines bouddhistes et aviateurs nazis, même combat
La métamphétamine est une drogue extrêmement addictive qui
provoque une forte stimulation mentale, empêchant celui qui en
consomme de dormir pendant plus de 24 heures. Elle fut largement
employée par les différentes armées engagées au cours de la Seconde
Guerre Mondiale, notamment chez les aviateurs, afin de leur
permettre de rester au combat le plus longtemps possible. En
Allemagne nazie, elle était ainsi commercialisée sous le nom de
Pervitine et appelée par les hommes de troupe « Panzerschokolade »,
« Fliegoerschokolade » (le chocolat des aviateurs) ou encore «
pilules Hermann Göring ». En France, la métamphétamine a été vendu
légalement jusqu’à la fin des années 1960 et peut être les plus
âgés de nos lecteurs se souviendront du Maxiton, une métamphétamine
très appréciée des étudiants avant les examens et des
noctambules.
En Thaïlande, la méthamphétamine est consommée sous forme de
pilules appelés « yaba » (« pilule qui rend fou » en thaïlandais),
qui contient à la foi de la drogue et de la caféine. La drogue est
acheminée depuis la Birmanie voisine, le plus grand producteur de
méthamphétamine au monde. Dans les rues de Bangkok, une
pilule de yaba ne coute que 50 baths, soit 1,40 euros, d’où sa très
grande popularité.
Désert religieux
La métamphétamine fait depuis plusieurs années des ravages
dans la jeunesse thaïlandaise. Une consommation prolongée provoque
en effet une tachycardie, des hallucinations, des troubles du
comportement et des lésions de la cavité buccale. L’addiction à la
méthamphétamine est à l’origine de nombreux drames. Le 6 octobre
dernier, un policier thaïlandais de 34 ans, suspendu de ses
fonctions pour son addiction à la drogue, a tué 37 personnes, dont
23 enfants, sa femme et son fils avant de se donner la mort. C’est
à la suite de ce drame que le gouvernement thaïlandais a décidé de
renforcer la lutte contre le trafic de stupéfiants, qui a conduit à
ce coup de filet dans un monastère.
Sur un ton plus léger, le renvoi de l’intégralité des moines
du monastère de Bung Sam Phan inquiète également les habitants de
la région. En effet, ils sont désormais dans l’impossibilité de
pratiquer le « punya », une pratique du bouddhisme consistant à
réaliser des bonnes actions, notamment en donnant de la nourriture
aux moines ascètes, afin d’améliorer son karma. Les autorités
religieuses locales ont assuré que d’autres moines (qu’on espère
moins portés sur les stupéfiants) seront envoyés au monastère afin
d’éviter que la région ne devienne un désert religieux. Il n’a pas
été précisé si ces nouveaux bonzes devront passer un test urinaire
avant d’intégrer leurs nouvelles fonctions.
Quentin Haroche