Paris, le jeudi 12 juin 2008 – Rares sont les associations dont les revendications sont aussi parfaitement prises en compte. Face aux résultats qu’elles ont obtenus, les organisations de défense des sourds et malentendants qui se sont fortement mobilisées ces dernières semaines ne doivent pas regretter leur action. L’Union nationale pour l’insertion sociale du déficient auditif (UNISDA) déplorait avec force que la reconnaissance de la langue des signes, inscrite dans la loi du 11 février 2005, ne se traduise nullement dans les faits par des avancées concrètes en matière d’enseignement ou de développement de cette langue. La médicalisation accrue de la prise en charge des jeunes sourds faisait même craindre à l’UNISDA un recul progressif de la langue des signes. Partageant un grand nombre des revendications de cette organisation mais plus expressive dans sa colère, l’organisation Opération de sauvegarde des sourds (OSS) avait lancé une opération coup de poing en ce début de semaine. Investissant l’Institut national des jeunes sourds (INJS) de Paris, une femme et quatre hommes âgés de 23 à 55 ans, avaient entamé une grève de la faim.
Illettrisme
Celle-ci s’est rapidement achevée à la faveur des annonces du
Président de la République et du Ministère de l’Education qui
reprennent une à une les revendications des associations. A
l’occasion de l’ouverture de la conférence nationale du handicap,
Nicolas Sarkozy a ainsi promis la création de centres relais
téléphoniques, afin de permettre la traduction des communications.
Il a également plaidé en faveur d’un sous-titrage plus systématique
des programmes diffusés dans les lieux publics et pour
l’amélioration des conditions d’intégration scolaire des sourds. De
façon plus concrète, le ministre de l’Education nationale, Xavier
Darcos, alors que se déroulait pour la première fois en France une
épreuve de langue des signes dans le cadre du baccalauréat, a
annoncé que l’enseignement de cette langue allait être élargi aux
écoles primaires et maternelles dans un « certain nombre de
sites ». Le ministre n’a cependant pas précisé combien
d’élèves pourraient être concernés. Ses promesses ont cependant
suffi à satisfaire les deux associations, qui ont néanmoins indiqué
qu’elles demeuraient « vigilantes » quant à l’application
de ces dispositions. L’heure reste grave, alors que 90 % des
malentendants souffriraient d’illettrisme selon OSS.
A.H.