AHA – Chicago. L’âge du patient est actuellement un élément déterminant dans le choix d’une valve cardiaque prothétique. Schématiquement, beaucoup de services de chirurgie cardiaque recommandent des valves artificielles, dont la durée de vie est plus longue, chez les sujets jeunes, pour éviter des ré-interventions toujours difficiles, et des bioprothèses d’origine animale chez les patients plus âgés en raison de l’absence de nécessité d’anticoagulation avec ce type de matériel.
Une étude canadienne va à l’encontre de cette conception
largement admise.
Vincent Chan et coll. ont repris les données de 4 633 patients
ayant bénéficié d’un remplacement valvulaire aortique ou mitrale
dans leur service d’Ottawa au cours des 35 dernières années. 296 de
ces patients avaient moins de 50 ans lors de l’intervention et ont
pu être suivis pendant plus de 20 ans. Pour les remplacements
aortiques la survie à 20 ans a été de 59,9 % avec les prothèses
mécaniques et de 72,4 % avec les bio-prothèses. Après ajustement
pour les différentes comorbodités associées, la baisse (de 20 % en
valeur relative) de la mortalité observée avec les bio-prothèses
n’était pas significative. Il en était de même pour les
remplacements mitraux avec une survie globale plus limitée que pour
la valve aortique mais non différente entre les deux types de
matériels.
Le facteur apparu comme le plus significativement corrélé au
pronostic chez ces patients jeunes était la présence d’une maladie
coronaire (risque de décès à 20 ans augmenté de 90 % en cas de
lésions coronariennes associées).
Les conséquences de cette étude devraient toutefois être limitées.
D’une part car les valves disponibles aujourd’hui ont bien sûr
évoluées par rapport à celles qui étaient utilisées il y a 30
ans. D’autre part parce que faute de randomisation on
ne peut exclure que des critères de sélection ayant conduit au
choix entre bio-prothèses et valves mécaniques aient influé sur la
survie.
Dr Céline Dupin