
L’alimentation végétarienne et son impact sur la santé ont fait l’objet d’études d’observation dont les résultats ne sont pas unanimes. Certaines d’entre elles montrent que les végétariens vivent plus longtemps mais d’autres analyses, notamment en Europe (cohorte EPIC) ne retrouvent pas de réduction de la mortalité totale chez les adeptes du végétarisme. L’étude des adventistes du septième jour apporte de nouvelles données sur ce sujet.
Plus de 70 000 hommes et femmes appartenant au mouvement adventiste ont été recrutés dans les églises américaines et canadiennes adeptes de ce mouvement entre 2002 et 2007. Les habitudes alimentaires ont été notées à l’inclusion grâce à un auto-questionnaire détaillé regroupant 200 catégories d’aliments. Les sujets ayant une alimentation végétarienne ont étérépartis en quatre sous-groupes selon leur régime habituel : végétalien (n=5 548), lacto-ovo-végétarisme (consommation de produits laitiers et d’œufs, n=21 177), pesco-végétarien (exclusion de la viande rouge et de la volaille, n=1 794) et semi-végétariens (exclusion de la viande rouge uniquement, n= 4 031).
Pas de protection pour les femmes …
Au cours de la période de suivi (durée moyenne : 5,8 ans), 2 570 sujets sont décédés. Après ajustement sur l’âge, le sexe et l’origine ethnique, les régimes végétaliens, lacto-ovo-végétariens et pesco-végétariens étaient chacun associés avec une mortalité réduite par rapport à celle liée au régime non végétarien. Toutefois la significativité de ces associations s’atténuait lors d’un ajustement sur les principales caractéristiques du mode de vie (tabagisme, consommation d’alcool, niveau d’étude et de revenu, statut marital, activité physique, durée de sommeil, origine géographique) et sur le statut gynécologique des femmes. Ainsi, la protection apparente du régime végétarien reste significative pour l’ensemble des quatre régimes (mortalité réduite de 12 % par rapport aux non végétariens) et pour le sous-groupe des pesco-végétariens (mortalité diminuée de 9 % par rapport aux non végétariens).
Une analyse séparée selon le sexe montre des différences : les femmes végétariennes ne paraissent pas protégées. En effet, seuls les hommes végétariens, en particulier les végétaliens et les pesco-végétariens ont un risque de décès plus faible que les non végétariens. L’étude des décès par cause suggère toutefois un possible effet protecteur du presco-végétarisme chez la femme contre la coronaropathie.
Parmi les autres analyses effectuées, aucune ne permet de supposer un éventuel effet délétère des quatre régimes testés sur le risque de décès par maladie cardiovasculaire, par cancer ou d’autres causes.
Beaucoup de sources de confusion
Une prudence s’impose concernant l’étendue des conclusions qui peuvent être extraites de cette étude. Il est clair que le végétarisme est associé à un style de vie particulier qui peut, indépendamment de l’alimentation, influer sur le risque de maladies chroniques. On remarquera d’ailleurs que l’IMC est bien différent en fonction du régime alimentaire (28,3 chez les non végétariens, 24,1 chez les végétaliens). Les biais de confusion potentiels sont donc nombreux. En outre, dans cette étude, les habitudes alimentaires n’ont été recueillies qu’une seule fois au cours du suivi et rien ne permet d’affirmer qu’elles n’ont pas changé au cours du temps.
En pratique, bien que le végétarisme semble compatible avec une bonne santé, il n’est pas justifié, au vu de cette étude, de promouvoir spécifiquement, pour des raisons de santé l’un ou l’autre des régimes végétariens.
Dr Boris Hansel