Les Vénézuéliens dans de sales draps !

Caracas, le samedi 1er juin 2013 – Pour l’importation de quelles « denrées » l’Assemblée nationale du pays qui détient les plus grandes réserves d’hydrocarbures au monde a-t-il débloqué la semaine dernière un budget spécial de 79 millions de dollars ? Objets technologiques, dispositifs médicaux et autres produits high tech ? Que nenni, le Venezuela espère ainsi pallier la pénurie de papier toilette, dentifrices et autres couches jetables. Le pays est en effet confronté à des rayons de supermarchés vides, tandis que les files d’attente s’allongent dans les rares boutiques vendant encore ces biens de première nécessité. La décision prise par les députés témoigne bien de l’urgence et de l’ampleur de la crise que traverse le pays, mais les fonds débloqués pourraient se révéler vite insuffisants. Les cinquante millions de rouleaux de papier hygiénique importés par Caracas ne permettront en effet pas même de répondre à la consommation mensuelle du pays qui s’élève à 125 millions de rouleaux selon le ministère du Commerce !

Une population manipulée par la presse ?

Comment le pays en est arrivé là ? Sur la scène politique vénézuélienne, chacun se renvoie la faute. Du côté des opposants au gouvernement, on fustige l’inexistence de toute politique industrielle de la part du président disparu qui ne s’est reposé que sur la manne des hydrocarbures et de trop lourdes restrictions sur les devises étrangères. Mais les partisans historiques d'Hugo Chavez et notamment les membres du gouvernement de Nicolas Maduro accusent au contraire les fabricants d’être de « mèche avec l’opposition pour ne pas mettre leurs produits sur le marché, ceci dans l’espoir de provoquer le mécontentement de la population et d’entraîner à terme la déstabilisation dans le pays » peut-on lire sur le blog d’un expatrié français, cité par le site de France TV. Par ailleurs, le pouvoir en place reproche à la presse, manipulée une fois encore selon lui par l’opposition, de susciter la terreur parmi les populations et d’encourager des comportements de stockage délétères. Si ces querelles politiques se réfèrent à des problèmes structurels chroniques, la pénurie actuelle est prioritairement liée à l’évolution du taux de change entre le bolivar et le dollar qui fait qu’actuellement l’importation de papier toilette et autres produits d’hygiène est 50 % plus onéreuse qu’au début de l’année. Une situation économique qui affecte la disponibilité d’autres produits, moins strictement nécessaires, mais éminemment symboliques dans un pays où la tradition catholique est solidement ancrée : les hosties et le vin.

Léa Crébat

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