Les virus respiratoires communautaires chez l’enfant

Par virus « communautaires », il faut entendre ceux qui se transmettent tout particulièrement dans les communautés, comme les écoles ou les crèches. Ces petites épidémies locales ont été abordées par Dimitri Van der Linden, pédiatre aux Cliniques universitaires Saint-Luc (Bruxelles) au cours d’un symposium consacré à la pneumologie pédiatrique.

Congrès de pneumologie oblige, les virus discutés étaient avant tout ceux dont l'infection peut déboucher sur une pneumonie. Si cela peut paraître logique, la liste de ces virus montre cependant que des types comme le « simple » rhinovirus, les entérovirus ou encore Herpes simplex en font bel et bien partie, à côté d'autres plus connus pour infecter les voies respiratoires basses, comme le virus respiratoire syncytial (VRS), les virus influenza et parainfluenza.

Le nombre d'échantillons reçus par les laboratoires en Belgique est classiquement plus élevé en période hivernale. Les chiffres 2011 de l'Institut de Santé Publique (ISP) montrent que les virus les plus fréquemment identifiés dans ces échantillons sont le VRS, les virus parainfluenza, le metapneumovirus humain et les adénovirus, avec une saisonnalité différente selon le type de virus considéré. Classiquement, un pic est observé chez les enfants de moins de dix ans, suivi par un second pic, quelques semaines plus tard, chez les enfants plus âgés et les adultes.

La Belgique dispose d'un système de surveillance appelé SARI (Severe Acute Respiratory Infections). Six hôpitaux y participent. Ils reprennent les infections qui ont débuté dans les sept jours précédents, avec une fièvre ≥ 38°C, une toux ou une dyspnée, une hospitalisation nécessaire (de 24 h ou plus), et avec 2 échantillons (un nasal, un pharyngien). Au CHU Mont-Godinne, pendant  l'hiver 2012-2013, 196 cas de SARI ont été hospitalisés. Un virus de type influenza était responsable de 71 de ces cas, 50 autres étant causés par un virus différent (dont, par exemple, 19 VRS et 10 coronarovirus). 5% des patients présentaient une infection double, par deux virus respiratoires différents.

Un rappel utile au sujet du VRS : les symptômes et les sites d'infection varient souvent en fonction de l'âge du patient et de son éventuelle comorbidité. Chez l'enfant de moins de 2 ans, on observe principalement une bronchiolite (40 à 90% des cas) et/ou une pneumonie, tandis que les problèmes se limitent à une rhinite fébrile et à une pharyngite chez les enfants d'âge moyen, et même à un simple refroidissement chez les enfants plus âgés et chez les adultes. Le virus est plus agressif (pneumonies) chez les seniors, les insuffisants respiratoires ou cardiaques chroniques, et bien entendu chez les immunodéficients. A noter aussi que la présence d'un wheezing semble plus fréquente avec le VRS qu'avec d'autres virus.

Le dangereux hMPV

Le virus parainfluenza (famille des paramyxovirus) touche beaucoup les enfants, mais sa prévalence pourrait être sous-estimée chez l'adulte. Il faut avoir penser à lui chez l'enfant non seulement en cas de croup, de bronchiolite ou de pneumonie, mais également d'otite moyenne aiguë.

Le métapneumovirus humain (hMPV), moins connu, peut entraîner une symptomatologie très variée, y compris hors de la sphère respiratoire (rash cutané, diarrhée, altération de la fonction hépatique, encéphalite, épilepsie…). Il affecte principalement les enfants de moins de 2 ans, y étant responsable de 7 à 19% des cas de transmissions virales en communauté. Chez les seniors en maison de repos, il peut entraîner jusqu'à 50% de mortalité à long terme.

Enfin, retenons que le virus influenza, le VRS et le hMPV sont rarement présents chez des enfants ou des adultes asymptomatiques.

Dr Claude Leroy

Références
Congrès de la Société Belge de Pneumologie (Anvers): 2-3 décembre 2016.

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