L’hôpital sans tabou ni trompette

Paris, le samedi 20 janvier 2018 – De nouveau, ces dernières semaines, la souffrance des professionnels de santé au travail a fait la une de l’actualité. La dégradation des conditions de travail et des pratiques managériales souvent oublieuses de principes humanistes favorisent chez de nombreux soignants le développement d’un sentiment de perte de sens. Cette situation peut avoir des conséquences directes sur la qualité de la prise en charge et accroît le risque de maltraitance des patients, comme l’a mis en évidence notamment la situation dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD).

Alors que les dénonciations sont de plus en plus nombreuses, la psychologue Valérie Sugg qui évoque ce sujet dans son essai L'hôpital : sans tabou ni trompette (éditions Kawa) propose un portrait sans concession de la situation actuelle qui permet de mesurer combien la qualité des soins est en danger dans notre pays.

Par Valérie Sugg, psychologue

Notre système de soins a pris un chemin de traverse depuis trente ans. Les dirigeants se sont gargarisés de cette médecine française réputée mondialement, de ses médecins innovants, mais voilà, les soignants ce ne sont pas que les médecins mais des équipes composées de différents corps de métiers qui tentent de faire entendre l'impasse dans laquelle nous entrons, dangereusement.

Un système de soins vieillissant et au management d'un autre temps

Il était nécessaire, bien entendu, de mettre en place une stratégie pour juguler l'hémorragie financière hospitalière, mais cette stratégie n'a pas su prendre le problème à sa base, a voulu soigner les causes mais pas la maladie. Aujourd’hui, c'est le système de soins lui-même qui est malade. Trop d'administratifs, de chefs, de sous-chefs et pas assez de soignants, plus assez, bon nombre ont été remerciés ou dégoutés. Des investissements financiers mal gérés, un matériel de plus en plus vétuste. Mais aussi un management par la dévalorisation, la culpabilisation, la déshumanisation progressive des soins.

Les soignants refusent de devenir des techniciens du soin centrés sur la rentabilité
Il s'agit, peut-être, d'un problème de mentalité et il ne concerne pas que le domaine de la santé. Le management hospitalier a choisi de "gérer" le personnel soignant essentiellement par la pression, la culpabilisation, le chantage au patient (« restez encore, le pauvre patient sinon il n'aura pas… » sa soupe, son traitement etc.), la dévalorisation, la répression au travers, par exemple, de la notation annuelle qui devrait servir pour établir un projet commun, stimuler, encourager, valoriser mais qui, le plus souvent, ne fait que permettre de bloquer l'évolution du salaire. Cette politique de rentabilisation, qui n'a pas voulu tenir compte des particularités du milieu des soins, fait souffrir ceux qui y travaillent face aux personnes malades ou résidents.

Les soignants sont maltraités et, du coup, deviennent parfois maltraitants

Cela paraît exagéré mais ce n'est pas le cas, ce sont eux les soignants qui l'expriment le mieux. C'est une forme de maltraitance qu'il subit quand, un chirurgien, est interpellé au bloc opératoire parce qu'il ne va pas assez vite et que le patient suivant est déjà endormi et qu'on lui demande d'accélérer, en pleine opération. C'est une forme de maltraitance quand on demande en Ehpad à une aide-soignante de faire la toilette de douze à quinze personnes le matin ou d'être seule aide-soignante présente la nuit pour cinquante résidents. C'est une forme de maltraitance que d'exiger d'une infirmière qu'elle reste une heure de plus parce que la chimio de madame D. n'est pas terminée et que l'infirmière du soir est déjà débordée. C'est aussi une forme de maltraitance que de remplir les rendez-vous de consultation rendant impossible le fait de prendre les personnes à l'heure ou alors en faisant des consultations "express" qui ne prennent plus le temps d'écouter les particularités de chacun. Par conséquent, les soignants deviennent maltraitants puisque leur temps auprès du malade, du résident, est quasi chronométré. La recommandation d'une toilette en 6,66 minutes début 2017 est à l'image de ce qui se passe tant en milieu hospitalier, en Ehpad, en maison de retraite et nous sommes tous concernés. Parce que dans ce lit, à espérer une douche que les soignants n'ont parfois le temps de faire qu'une fois par mois; ce repas servi froid car il n'y a qu'une aide-soignante pour cinquante résidents ; ce pipi pour lequel elle est appelée mais qui n'attendra pas son arrivée, toutes ces "petites" choses rendent le quotidien des soignés douloureux. Et ça pourrait être moi, vous, votre père, votre mère, un proche.

Les responsables des structures de soins sont parfois incompétents

Il faut bien oser le dire, certains le sont parce qu'ils dirigent des centres de soins sans jamais avoir mis un pied dans un service ni y avoir travaillé. Ils subissent aussi, sans aucun doute, la pression des économies à faire après tant d'années de gaspillage à tous les étages. A titre d'exemple, quand une infirmière m'explique que l'hôpital a changé de fournisseur de compresses pour un moins cher mais que du coup il en faut trois à la place d'une pour le même résultat, elle est où l'économie ? Pourquoi certains décideurs qui ne savent pas de quoi ils parlent continuent-ils à mettre à mal la bonne volonté des soignants ? Ou, quand un aide-soignant me raconte qu'il a dû changer son résident qui s'était souillé à mains nues car il n'y avait plus de gants en stock, que dire ? Quand Sophie, infirmière en soins palliatifs, pleure dans mon bureau parce que monsieur T. tellement amaigri ces derniers jours, n'a pas pu bénéficier d'une couverture en plus parce qu'il n'y en avait plus, que Mademoiselle C. n'a pu avoir un oreiller parce qu'il n'y en a pas alors qu'elle est si douloureuse et a besoin de se caler avec. Qui est responsable ? Le directeur de l'établissement qui lui n'est pas confronté à ce que cela fait vivre aux équipes et aux soignés de si douloureux, à ce manque d'humanité qui en dit long sur la façon dont chacun est considéré ou pas.

Des soignants qui se mettent en grève, se révoltent et parfois se suicident

Ce mode de gestion des soins engendre chez les soignants de la gêne, du dégoût, de la honte et, trop souvent aussi, de la culpabilité. Aucun soignant ne peut être fier d'une patiente dans la cinquantaine, épuisée par sa chimio et hospitalisée depuis une semaine qui ne peut pas bénéficier d'une douche. Aucun soignant ne peut se satisfaire que seuls douze résidents d'un Ehpad sur quatre-vingt puissent être sortis l'après-midi dans la cour ou accompagnés en salle d'animation. Aucun soignant ne peut être insensible à un jeune patient, vingt-cinq ans, qui tremble de froid à l'accueil des urgences sur le brancard en plein courant d'air car la porte est cassée depuis trois mois et n'a pas été réparée. Aucun soignant ne peut se réjouir de cette autre patiente encore qui supplie qu'on la soulage, en fin de vie et face à laquelle l'interne seul cette nuit, ne sait quoi faire parce qu'il remplace un médecin manquant au lieu d’être accompagné dans sa formation. De ce fait, ils sont malheureux, les soignants, parce que s'ils ont choisi de devenir soignants c'est justement parce qu'ils avaient un idéal. Ils ont choisi ce métier pour aider, accompagner, guérir aussi. Heureusement, il reste des services, des lieux de soins où tout se passe bien mais dans la plupart, c'est la Bérézina. Sinon pourquoi tant de grèves, de SOS, de suicides chez les soignants et sur leurs lieux de travail, ça a du sens, non ? Ils ont honte, se sentent "complices" du système puisqu'incapables de s'y opposer. Ils subissent ou s'ils tentent de suggérer, de vouloir s'opposer, ils ne sont que trop rarement entendus, pourtant c'est bien eux qui sont en contact avec les personnes malades, les résidents, qui connaissent les besoins et ont des idées pour améliorer la situation. Mais voilà, plus personne ne prend le temps de les écouter.
Tout soin doit devenir rentable, le premier objectif n'est plus de soigner un être humain malade, accidenté, vieillissant mais d'être une source de profit pour l'hôpital, en Ehpad, en maison de retraite, partout. Même le parking devient payant !

Il existe pourtant des solutions, soyons optimistes

Il faudrait faire évoluer les mentalités avec un management par la valorisation, l'encouragement. La gestion des centres de soins doit être faite par des gens dont c'est le métier afin d'éviter tous ces gaspillages, ces erreurs d'aiguillage. Donner des moyens aux soignants pour bien faire leur travail, les écouter, entendre ce qu'ils proposent et les considérer. Cette considération ne coûte rien mais réchauffe le cœur, augmente l'estime de soi et rend meilleur. Il y a beaucoup de bonnes volontés mais le système les a écrasés. Elles ne demandent qu'à rénover, améliorer et ce n'est pas qu'une question d'argent.

Et il y a urgence parce que si les soignants souffrent autant de ne pouvoir travailler comme ils le souhaitent c'est aussi parce qu'au-delà de ce que le système de soins actuel leur fait vivre, ils ont le souci des répercussions que tout cela a sur les personnes malades, sur les résidents et leurs proches. Chacun le sait sans vouloir le voir. Tout le monde connaît un proche hospitalisé, en maison de repos, en maison de retraite qui ne reçoit pas les soins que l'on aimerait qu'il reçoive, dont on sent que le personnel court et n'a pas assez de temps pour lui, pour elle. Ce que cela fait vivre aux soignés est aussi complexe. Un mélange de colère, de soumission, d'abandon, de tristesse, d'humiliation, de désespoir, de compassion pour ces soignants et surtout, la déshumanisation progressive des moments de soins de plus en plus écourtés.

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Vos réactions (16)

  • L’hôpital sans tabou

    Le 20 janvier 2018

    Excellent article ! Parfait résumé de la situation.

    Dr Philippe Ugarte

  • Un diagnostic parfait...

    Le 20 janvier 2018

    ...de la façon dont évoluent les situations des différents services hospitaliers.

    Le ratio administratifs/soignants devrait être considéré dans l'optique de meilleurs soins. J'ai une pensée pour les élèves d'IFSI qui sont confrontés dès leurs premiers stages aux situations évoquées dans cet article de Valérie Sugg. Il faut avoir vu une fois le regard apeuré d'un patient pour souhaiter un changement radical. Or le corps administratif se protège et l'embauche est surtout destinée à contrôler ce que font les soignants.

    Il reste des établissements où l'état d'esprit et les soins ont les qualités souhaitables et qui pourraient servir de modèle. L'évaluation devrait permettre cela.

    Françoise Baudry (pharmacienne)

  • Une expérience personnelle

    Le 20 janvier 2018

    En temps que cardiologue hospitalier, j'ai été victime de harcèlement par ma direction mais également par une confrére abjecte.
    Je porte plainte et j'aimerais que tous les praticiens dans mon cas fassent la même chose cela pourrait faire bouger les choses.

    Dr R

  • Médecine administrée

    Le 20 janvier 2018

    40 années d'incurie, ça laisse des traces.
    Pourcentage des étudiants en médecine en burn-out, des internes en burn-out, des médecins en exercice en burn-out, du personnel soignant en burn-out ? Environ 25-30% pour tous.

    Ce n'est pas le cas de tous les "experts" et autres administratifs qui ont l'outrecuidance de mieux savoir que nous comment soigner les patients, sans jamais venir nous côtoyer dans nos journées de travail tellement ils sont occupés en réunions et dont les salaires grèvent le budget de la santé (dans quel pourcentage?). Supprimons ces effectifs pléthoriques ou rémunérons les sur des objectifs de santé publique et non des critères économiques et exigeons des critères pertinents, acceptés par les soignants (en bref, tu m'accrédites ou tu m'évalues, donc je t'accrédite ou je t'évalue).

    Pourcentage des médecins qui n'exercent pas la médecine après leurs études? Environ 20%. On prend donc des mercenaires sans être trop regardant.
    Les patients commencent à percevoir la dégradation du système de santé (sondages récents) et ce ne sont pas les objets connectés qui vont apporter une once d'humanité. Ce n'est pas l'intelligence artificielle qui nous rendra plus intelligents et efficients si nous ne nous servons plus de notre cerveau.
    Si pour une fois public et privé pouvaient s'unir car nombre de problèmes sont communs...

    Bon, plus que trois ans à tenir avant la retraite.
    Confraternels encouragements aux générations suivantes.
    Mais surtout ne soyons jamais malades, cela devient de plus en plus dangereux.

    Dr François Simonneau



  • Ce livre mérite d'être diffusé largement

    Le 20 janvier 2018

    Le premier objectif d'un directeur d'établissement public de soins n'est pas toujours de réaliser du profit ! Mais la situation de fait actuelle est remarquablement décrite ici.
    A mettre en parallèle avec le reproche (fait surtout aux médecins) d'une certain "angélisme" leur faisant mépriser les contraintes économiques.
    Ce livre mérite d'être diffusé (si possible auprès des décideurs...).

    Dr Claude Hebette

  • Intolérable

    Le 20 janvier 2018

    C'est aux directeurs d'hôpitaux et surtout à Agnès Buzin, qu'il faut adresser votre témoignage très précis et très percutant. Heureusement, je travaille dans un service où les soins et la vie se passent beaucoup mieux mais j'imagine les situations que vous avez décrites: c'est intolérable.

    Dr Martine El-Etr

  • Article cuisant de verité

    Le 20 janvier 2018

    Bravo à Valerie Sugg . Faire diffusion largement de ce livre

    Dr DG

  • L'inhumanité gagne du terrain de jour en jour

    Le 20 janvier 2018

    Excellent article, qui dépeint avec justesse ce que devient la médecine "rentable" !
    Pour fréquenter régulièrement un Ehpad dans le cadre de prélèvements biologiques, je constate ce que la faiblesse des effectifs entraîne comme humiliation aux résidents, contraints, comme le raconte si bien l'auteur, de faire leurs besoins dans leur couche parce qu'il n'y a personne pour les aider à gagner les toilettes ! Ce sont des personnes résignées, souvent en situation de grande solitude et de fragilité que je rencontre, et on en vient à considérer que finalement, perdre la tête est plutôt une chance pour qui vit dans ces conditions... L'inhumanité gagne du terrain de jour en jour, et nous en serons nous-mêmes les futures victimes. Personnellement, je préférerai mourir que vivre là-bas ! Et je crois que les soignants que je croise pensent de même !

    BV, pharmacien biologiste

  • Magnifique

    Le 21 janvier 2018

    Chirurgien orthopédique en clinique, c'est tellement ce que je ressens dans mon exercice et le retour des soignants. Le constat est là, mettons le à profit pour unir nos bonnes volontés et faire basculer ce système écrasant pour les humains que nous sommes.
    Gardons espoir et battons nous avec notre conscience.

    Dr Xavier Loncle

  • Soignant formé au management

    Le 21 janvier 2018

    Il y a plusieurs années, j'avais compris le problème : les administratifs ne parlent pas le même langage que nous et n'ont pas la culture des soignants.
    Je me suis donc formée pour apprendre leur langage : le management, la gestion. Je suis donc double compétence.
    A la fin de la formation de management gestion, j'ai postulé à la direction de grands groupes de cliniques privées : voici leur analyse : mon profil est intéressant mais ils ne me confieront pas le job, car avec des personnes comme moi, impossible d'avoir un bon petit soldat qui fait baisser de 15% le chiffre de la colonne 3, de 25 % le chiffre de la colonne 4.
    Une personne comme moi va s'inquiéter de la tête de la colonne et ne pas appliquer les directives s'il s'agit de rogner sur la qualité des soins, sur le bien-être du patient, la qualité des outils de soin etc...

    Il faut que ça change, les administratifs purs n'ont aucune idée des limites de notre métier et nous, soignants sommes responsables d'avoir laisser faire. Mais toute opposition et rappel de règles se termine par une mise au placard au mieux, du harcèlement et du dénigrement le plus souvent.

    Les petits chefs (administratifs) sont tous des médecins par procuration, capable d'injonctions contradictoires du type : d'un côté je ne te donne pas les moyens de faire bien et comme il se doit ton métier de soignant et de l'autre j'exige que tu fasse "bien" selon "mes critères" (sous-entendu bien = répondre aux obligations de rentabilité et faire "bien" selon "ma" représentation car "cela fait tant de temps que je travaille dans les hôpitaux (cliniques, centre de soins...) donc je sais ce qu'est un soin de qualité quand même")
    Les structures de soins (toutes, du moment qu'il est question de soins (curatif ou préventif) et que la "main d'oeuvre" est le soignant)DOIVENT être administrées par des soignants ayant une compétence en management-gestion.

    Dr Sara Trinh

  • Quels fondement à une politique de réforme ?

    Le 21 janvier 2018

    On ne devient pas infirmier par hasard où opportunité pour échapper au chômage. Plus encore, pour le rester, il faut avoir on acquérir un certaine forme de relation aux personnes que nous soignons et un engagement qui mobilise plus que le temps passé. La formation de l'encadrement, décidé par des idéologies d'un management conçu comme un idéal absolu exige le "deuil" de la fonction d'origine. Il faut "tuer" l'infirmière pour faire le cadre. C'est un imaginaire leurant, car il est est impossible d'effacer la profondeur de l'expérience humaine d'un soignant. Aujourd'hui nous devons inverser la dynamique: quitter la position de "cadre de santé de la filiaire Lambda" pour celle de "infirmier cadre de santé". Et exiger que Infirmier reste une profession et cadre l'une des fonctions dans la profession. Cette différence inverse symboliquement la dynamique de dénégation de la valeur professionnelle qui est devenue le pseudo-paradigme de la politique hospitalière. Et cela vaut dans toutes les professions qu'elles soient médicales, soignantes, administrative ou logistique : un chef de pôle reste un médecin, un administrateur civile ou un soignant. Le préalable de toute réforme passe par le respect des vocations des professions et celui de leur choix premier dans la façon de servir. La forme choquante de cet énoncé son "archaïsme" par rapport au discours sur le management ou l'efficience est voulu; c'est la fonction de provocation de la philosophie que d'interpeler ainsi une fonction sociale à son insuffisance éthique.

    Jean-Charles Haute

  • L'hôpital se meurt et les soignants souffrent

    Le 21 janvier 2018

    Il y a un certain temps que le diagnostic est posé. La maladie évolue rapidement. Il est maintenant plus qu'urgent que dans les ministères gouvernementaux on se décide enfin à ouvrir les yeux sur une situation catastrophique et qu'un traitement soit décidé et appliqué. C'est la qualité de notre système de soins qui est en jeu.

    F. Cadoux (infirmier)

  • Mentalité ? Non déontologie !

    Le 24 janvier 2018

    "Les soignants refusent de devenir des techniciens du soin centrés sur la rentabilité
    Il s'agit, peut-être, d'un problème de mentalité et il ne concerne pas que le domaine de la santé."

    Non, ce n'est pas un problème de mentalité, c'est une obligation déontologique :
    - "L'infirmier exerce sa profession dans le respect de la vie et de la personne humaine. il respecte la dignité et l'intimité du patient et de sa famille".
    - "L'infirmier agit en toutes circonstance dans l’intérêt du patient" et
    - "L'infirmier est tenu d'apporter assistance au malade ou blessé en péril".

    Et les valeurs que ces professionnels portent font le lit de leur souffrance éthique : "l'infirmier ne peut aliéner son indépendance professionnelle. Il ne peut notamment accepter une rétribution fondée sur des obligations de rendements qui auraient pour conséquence une restriction ou un abandon de cette indépendance.".

    Si on ne nous paie pas au rendement, on nous l'impose !

    CQFD...

    C.D. Infirmière depuis 35 ans...

  • Réunionite française

    Le 27 janvier 2018

    Lorsque j'ai été nommé chef de service, mon premier (et seul) acte d'autorité a été de supprimer toutes les réunions sauf la visite matinale des patients de l'unité de soins dont j'étais directement responsable (avec une infirmière et une aide-soignante maximum). Je me suis de même abstenu de participer aux réunions organisées par les instances administratives excepté (rarement) aux CME. Ne restait donc que celle du tableau de garde. Le service en a beaucoup mieux fonctionné vu le temps libéré à chacun pour faire son véritable travail, soigner. Occasionnellement, il me restait du temps pour écouter un tel ou un tel me parler de ses difficultés de soignant, en tête à tête (beaucoup plus efficace).

    Dr Jean Pierre Huber

  • Urgence

    Le 27 janvier 2018

    L'Urgence est de mise : trop de suicides, d'épuisement de la part des soignants toutes catégories confondues. L'hôpital est géré par des administratifs qui n'ont que faire de l'humain soigné-soignants. Tout comme "certains" chefs de service, cadres de santé qui ne se rendent pas compte du mal être de leurs équipes. A part le fric...Nous sommes tous maltraitants dans nos faits et gestes. Une personne âgée a t-elle le droit de subir tout cela, ou tout autre patient ? Envoyez votre livre à Buzin et aux directeurs d'hôpitaux...

    Une IDE

  • Erreur probable de diagnostic

    Le 29 janvier 2018

    S'il est vrai qu'il existe une sous dotation scandaleuse des EHPAD et de la psychiatrie et qu'on peut expliquer un sentiment de ras-le-bol des soignants devant cette indifférence des pouvoirs publics, se cantonner à cette vision étroite ressentie par beaucoup de soignants qui l'attribuent à la T2A est réductrice et incorrecte.

    Il faut rappeler probablement que ce délaissement de la vieillesse et de la folie ne date pas de l'introduction de celle-ci mais existait depuis bien longtemps et je ne parle pas des errements de certains politiques dont un président qui voulaient ré enfermer les schizophrènes... Dans les hôpitaux généralistes, nous n'avons probablement jamais été aussi nombreux et le malaise est ailleurs, probablement dans le mode actuel de fonctionnement. S'y ajoutent l'absence de sentiment de cohérence des projets (réformes en couches successives plus ou moins contradictoires), la perte du sentiment d'appartenance à une équipe (sentiment très précieux en cas de crise ou de perte de patient ressentie comme un deuil) perdus qu'on est dans une entreprise de plusieurs milliers de personnes dont la structure a disparu sans vraiment être remplacée par une autre à dimensions humaines (l'homme n'est capable de communiquer qu'avec 200-250 personnes au maximum, au delà on est dans le syndrome des grands ensembles).

    Qu'on exige une gestion des deniers de la communauté nationale n'est pas un luxe mais une nécessité, surtout actuellement. L'auteur(e) oublie juste que la destruction de la structure hospitalière qui a été parachevée par Mme Bachelot est pratiquement concomitante à l'introduction de la T2A. Je pense qu'elle se trompe de coupable.

    Dr Claude Krzisch

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