Les Journées de l’Innovation en Biologie se sont tenues du 8 au
11 décembre 2020, en virtuel. La cérémonie d’ouverture, menée par
le Président des JIB, le Dr François Blanchecotte, faisait la part
belle aux apports de l’Intelligence Artificielle (IA) à la pratique
de la biologie médicale.
La parole était donnée en premier lieu à Stéphanie Combes,
directrice de la « Health Data Hub » (HDH). Groupement
d’intérêt public, créé en novembre 2019 pour favoriser le partage
des données de santé, la plateforme accompagne actuellement une
quarantaine de projets. Une dizaine d’entre eux sont relatifs à la
pandémie de Covid-19, pour aider à la gestion de la crise sanitaire
et de ses suites. L’objectif du HDH est de recueillir suffisamment
de données pour le développement de « cas d’usage ». S.
Combes souligne que le HDH, à la disposition des acteurs du système
de santé, s’inscrit aussi dans une « mouvance Européenne de la
donnée », avec la mise en place d’espaces communs.
Olivier Clatz, directeur du « grand défi » créé par le
Conseil de l’innovation sur l’amélioration des diagnostics médicaux
par l’IA, rappelle que, malgré tout le « buzz » qu’elle
suscite, elle n’en est encore qu’à son début. Il revient sur
l’enjeu majeur que constitue le recueil et l’accès à des données,
enjeu essentiel pour construire des algorithmes. En pratique, en
biologie, l’IA peut être une aide efficace à l’interprétation des
résultats et à la prise de décisions, et contribue à l’avènement
d’une médecine personnalisée dans laquelle la biologie a un rôle
central.
Standardiser les données biologiques pour optimiser
leur utilisation par l’IA
Mais pour optimiser l’utilisation des données biologiques par l’IA,
il est nécessaire de les standardiser/normaliser. C’est ce que
souligne Béatrice Falise-Mirat. Directrice scientifique de
CareInsight, cabinet de conseil spécialisé dans les approches de
transformation du système de santé et l’accompagnement des acteurs
pour le déploiement de nouvelles organisations et coopérations,
elle voit d’autres fonctions possibles de l’IA. Elle pourrait
permettre l’identification de biomarqueurs et d’éléments de
prédiction et ainsi contribuer à l’aide au dépistage et au
pronostic. L’avènement de l’IA en biologie comme dans d’autres
spécialités ne va pas sans soulever des questions éthiques, parmi
lesquelles le consentement du patient et la garantie humaine. Il ne
faut pas non plus négliger l’accompagnement des biologistes, qui
s’interrogent sur leur place dans cette nouvelle configuration du
métier.
L’IA doit être au service du biologiste, pour libérer du temps
médical
Cet accompagnement du biologiste est au cœur des
préoccupations d’Alexandre Guenoun, président de Kiro, spécialiste
dans l’intelligence artificielle de la biologie médicale. Il
souligne qu’en 10 ans, le nombre d’examens à interpréter
quotidiennement par le biologiste a augmenté de 30 %, alors qu’il
doit aussi s’acquitter de nombreuses autres tâches administratives,
et cela dans un contexte où le niveau d’exigence est plus élevé, de
la part des patients, des autres professionnels de santé et de
l’administration. Cet enjeu est assez nouveau. Or, on l’a vu avec
la crise sanitaire actuelle, le biologiste est bien au centre du
triptyque « prévention-dépistage-diagnostic ». Pour A.
Guenoun, l’IA doit être au service du biologiste, pour libérer du
temps médical.
Le défi est majeur et la pandémie de Covid-19 a mis en lumière, si
cela était nécessaire, le rôle essentiel que joue la disponibilité
rapide de données nombreuses et fiables dans la prise de décision à
tous les niveaux de la filière de soins.