Le système cardiovasculaire et l’appareil respiratoire n’ont pas l’exclusivité des effets délétères de la pollution ambiante. L’œil n’est pas épargné et constitue même une cible privilégiée de l’exposition aux polluant aéroportés dans l’environnement extraprofessionnel et en milieu de travail. Des auteurs de Strasbourg, de Paris et de Clermont-Ferrand illustrent ce propos en rappelant que la fréquence de l’irritation oculaire peut atteindre 40 % dans certains immeubles de bureau ou en zone urbaine polluée. La pollution environnementale, avec laquelle le film lacrymal et la surface cornéo-conjonctivale sont en contact direct, peut en effet être source d’irritation oculaire (picotements, lourdeur, photophobie, sensation de corps étranger…), de conjonctivite, de sécheresse oculaire, de kératite, d’aggravation d’une symptomatologie allergique ou d’une maladie oculaire préexistante, ou encore d’une intolérance aux lentilles.
Les auteurs notent que les résultats des études expérimentales, menées chez l’animal et chez l’homme, plaident pour la toxicité de certains polluants vis-à-vis de la surface oculaire. Ils recensent une seule étude épidémiologique ayant évalué la relation entre pathologie oculaire et pollution atmosphérique, qui associe directement, à court terme, à Paris, le nombre d’urgences ophtalmologiques pour pathologies de surface oculaire, d’une part à l’exposition à l’ozone, au dioxyde de soufre et au monoxyde d’azote, et d’autre part, aux conditions météorologiques du jour même ou de la veille.
Ils insistent sur le besoin d’études prospectives et d’analyse des contributions respectives de la pollution extérieure et intérieure, des variables météorologiques (température, vent, humidité), des allergènes, sur l’incidence des pathologies de surface oculaire, et soulignent la nécessité d’une collaboration étroite entre ophtalmologistes, médecins hygiénistes et allergologues.
Dr Julie Perrot