L’imagerie au-delà de l’ostéodensitométrie

La densitométrie osseuse est l’examen de référence pour le diagnostic d’ostéoporose. Mais elle s’avère souvent insuffisante pour apprécier avec précision le  risque fracturaire. On estime en effet qu’environ 1/3 des fractures se situent dans la zone d’ostéopénie, donc en dehors de la zone d’ostéoporose telle que définie par l’OMS (T-score inférieur à -2,5).

Trois techniques, basées sur les propriétés mécaniques ou architecturales du squelette, sont à l’étude pour améliorer l’évaluation du risque fracturaire.

L’ostéométrie en 3D est l’une de ces techniques prometteuses. Particulièrement intéressante au niveau du rachis, elle permet la mesure de plusieurs paramètres géométriques des corps vertébraux et favorise ainsi le dépistage précoce des variations de la forme des vertèbres. Les résultats semblent pour le moment plus significatifs pour le rachis thoracique et les auteurs de l’étude recommandent encore de la coupler à une densitométrie classique (1).

La microarchitecture osseuse est, elle aussi, un élément déterminant de la solidité des os. Elle peut à présent être chiffrée, grâce à un nouvel indice, le TBS (Trabecular Bone Score), obtenu par ré-analyse des niveaux de gris des images d’ostéodensitométrie, livrant un résultat quantitatif (trabéculométrie) et qualitatif (trabéculographie). Une étude récente a analysé les DMO et les TBS de 75 femmes ménopausées (dont 25 qui avaient un antécédent de fracture) et 50 aucun antécédent de fracture. Selon la définition de l’OMS, 54 femmes étaient ostéopéniques (dont 43 non fracturées et 11 fracturées) et 21 étaient ostéoporotiques (dont 7 non fracturées et 14 fracturées).  Les 11 femmes ostéopéniques avec fracture avaient une atteinte de la microarchitecture osseuse « modérée » à « très importante ». La prise en compte de la microarchitecture à l’aide du TBS permettrait ainsi de repérer les sujets ostéopéniques à risque de fracture.

Là encore les auteurs recommandent de combiner cet examen à la densitométrie osseuse (2).

Enfin, le diagnostic prédictif du risque fracturaire pourrait bénéficier aussi des avancées de la biodynamique (3). La méthode d’analyse en éléments finis est appliquée aux structures osseuses à partir d’images obtenues par scanner périphérique à haute résolution. Elle permet d’associer différentes variables de microarchitecture osseuse et de biomécanique au statut fracturaire. Une étude cas-témoin, réalisée à partir de la cohorte OFELY chez 101 femmes ménopausées polyfracturées et 101 femmes témoins, a permis une analyse en éléments finis d’images du radius et du tibia. Les épaisseurs corticale et trabéculaire et le nombre et la séparation des travées étaient significativement abaissés chez les femmes fracturées. L’analyse en éléments finis montre que la charge à rupture était abaissée de 12 % en cas de fracture. Au niveau du radius, l’os trabéculaire portait 6 à 12 % de moins de charge chez les femmes fracturées avec des données du même ordre au niveau du tibia. Ces résultats confirment ceux obtenus dans une étude réalisée précédemment à partir de la même cohorte sur des fractures du poignet (Boutroy et coll.) (Les fractures en ligne de mire).

L’ostéoporose est devenue en quelques années un enjeu de santé publique et la densitomérie osseuse a encore de beaux jours devant elle. Cependant l’application en pratique courante de ces nouvelles technologies pourrait rapidement pallier à ses insuffisances, notamment pour améliorer le diagnostic prédictif du risque fracturaire.

Dr Roseline Péluchon

Références
(1) Kerkeni S et coll. : Dimensions des corps vertébraux in viva par 3D-XA : étude transversale et longitudinale.
(2) Bloch J et coll. : Evaluation du risque fracturaire dans la zone d’ostéopénie : utilisation clinique d’un indice de la microarchitecture osseuse (TBS : trabéculométrie et trabéculographie).
(3) Villayphiou N et coll. : Analyse en éléments finis d'images de radius et tibia obtenus par scanner périphérique à haute résolution (HR-pQCT) : De nouvelles perspectives pour l'évaluation du statut fracturaire.
21e Congrès Français de Rhumatologie (Paris) : 14-17 décembre 2008.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article