Pendant de nombreuses décennies il était considéré que, contrairement à l’arthrite, l’arthrose ne comportait pas de composante inflammatoire. On sait aujourd’hui que ce n’est pas le cas. Pour T. Neogi et coll., l’inflammation pourrait même conduire à une sensibilisation douloureuse des articulations arthrosiques qui pourrait à son tour expliquer les discordances fréquentes existant entre les atteintes objectivées à l’imagerie et l’intensité des douleurs ressenties par les malades. C’est ce qui résulte de l’étude MOST (Multicenter Osteoarthritis study) qui suit de façon longitudinale une cohorte de patients ayant une gonarthrose ou étant à risque d’en avoir une. Au départ et 2 ans plus tard, les sujets ont un examen radiographique et IRM ainsi qu’une évaluation sensorielle standardisée recherchant une sommation temporelle mécanique (augmentation de la douleur par stimulation mécanique répétée à l’aide d’un monofilament) et le seuil de douleur à la pression (seuil à partir duquel une pression devient douloureuse).
Parmi les 1 111 sujets de l’échantillon, d’âge moyen 66,9 ans, 22,6 % ont développé une sommation temporelle à 2 ans et une modification des seuils de douleur à la pression allant de -7,35 à 7,15 kg/cm2 a été constatée au cours du suivi. La présence initiale d’une synovite était associée à une diminution significative des seuils de douleur à la pression pendant les 2 ans de l’étude. Un épanchement articulaire était, de la même façon, associé, à l’apparition secondaire d’un phénomène de sommation temporelle. La présence de lésions osseuses n’était a contrario associée ni a à la sommation temporelle ni à l’abaissement des seuils de douleur à la pression. Au cours de la gonarthrose, l’existence d’une synovite ou d’un épanchement articulaire, qui témoigne d’une composante inflammatoire, peut donc favoriser l’apparition d’une sensibilisation douloureuse. Ne reste plus qu’à démontrer qu’une intervention anti-inflammatoire précoce est capable de prévenir ce phénomène et par conséquent de réduire l’importance de la douleur.
Dr Patricia Thelliez