L’intelligence artificielle au service de la neurologie diagnostique

L’intelligence artificielle (IA) s’invite dans tous les secteurs de la connaissance, de la recherche et du quotidien. La radiologie n’est pas en reste, au point que les radiologues ont pu se sentir menacés par le développement exponentiel de l’IA dans leur domaine et les performances impressionnantes de certains algorithmes basés sur l’apprentissage profond (deep learning). Il n’en est rien : les réseaux de neurones artificiels et autres outils de l’IA n’ont pas vocation à remplacer les humains à l’heure actuelle, mais à les aider dans la réalisation de certaines tâches fastidieuses ou répétitives. Il importe  néanmoins de se familiariser aux concepts nouveaux nés de l’IA pour les maîtriser et les exploiter au mieux en songeant à l’avenir et aux transformations inéluctables de l’imagerie.

Un large spectre d’applications

Dans son principe de base, l’IA s’attache à développer des algorithmes d’aide à l’évaluation diagnostique et pronostique à partir de vastes séries de données, en recourant à l’apprentissage automatique le plus puissant qui soit : le deep learning. L’IA trouve en neuroradiologie un terrain particulièrement propice au déploiement de ses talents et de son potentiel. De nombreux algorithmes sont déjà opérationnels à l’état de prototypes ou en cours de développement et la plupart des grands acteurs industriels du domaine en font un axe prioritaire de leur recherche et développement. A titre d’exemple, les outils d’aide au diagnostic des AVC, des hématomes intracérébraux ou des hémorragies cérébro-méningées sur le scanner cérébral sont en cours d’élaboration, à un stade très avancé pour certains. Il s’agirait d’une aide précieuse dans les services d’urgences débordés par une routine chronophage. Une autre voie d’avenir est la caractérisation tumorale qui s’annonce plus complexe, car elle pourrait faire intervenir l’imagerie multimodale. D’une façon générale, un algorithme bien conçu et bien entraîné peut détecter des anomalies qui échappent à l’œil nu, d’autant qu’elles sont souvent incluses dans un nombre croissant d’images de très haute résolution qui saturent la mémoire de travail de l’opérateur humain… mais pas celle infatigable de l’ordinateur ou du système de traitement des données. Le dépistage des lésions, l’estimation de leur volume, leur classification, leur suivi comparatif, la caractérisation tissulaire et la différenciation lésionnelle sont autant de missions qui peuvent être partiellement déléguées à la machine.

L’IA : une alliée et non une rivale

En ces termes, l’IA doit devenir l’alliée du radiologue et non sa rivale, a fortiori en neuroradiologie. La diminution du poids des tâches redondantes doit permettre à ce dernier de mieux utiliser son temps au bénéfice des cas complexes, de la qualité du compte-rendu et des attentes du patient qui se retrouve au centre du processus diagnostique. Le partage des données entre les centres d’imagerie trouve une dimension nouvelle et une standardisation des pratiques en est le préalable, qu’il s’agisse de l’acquisition des données ou de leur interprétation, ce qui n’est pas sans soulever des problèmes tant éthiques que juridiques au demeurant inhérents à l’emprise croissante de l’IA. C’est maintenant qu’il faut travailler sur tous ces concepts pour les adapter aux besoins de la neuroradiologie et à son avenir.

Dr Philippe Tellier

Référence
Pyatigorskaya N : L’intelligence artificielle en neuroradiologie diagnostique. Journées Françaises de Radiologie (Paris) : 12 au 15 octobre 2018.

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