La non-adhésion thérapeutique des patients chroniques fait partie des grands défis à relever pour les systèmes de santé du monde entier. Une étude d’IMS Health de 2014 estime ainsi que 9 milliards d’euros par an pourraient être économisés chaque année en France si tous les patients souffrant d’hypertension artérielle, d’asthme, de diabète de type 2, d’ostéoporose, d’insuffisance cardiaque ou de troubles lipidiques, prenaient correctement leurs médicaments. Les technologies développées pour l’observance (SMS, piluliers électroniques…) ne peuvent rien sans un engagement concret et volontaire des patients. Les soignants doivent donc les aider à changer de comportement, par des méthodes de coaching qui nécessitent un engagement interdisciplinaire de long terme tenant compte du contexte propre à chaque patient.
En Suisse où 30 % des pharmacies d’officine ne sont plus rentables avec un modèle traditionnel, il faudrait pouvoir à l’avenir proposer des prestations spécialisées comme, par exemple, celles qui ont démontré leur rentabilité en favorisant l’adhésion thérapeutique et la collaboration interprofesssionnelle.
Une start-up a été créée à partir d’un partenariat public/privé pour exporter dans les officines du pays les méthodes mises en place à la pharmacie communautaire de la Policlinique Médicale Universitaire (PMU) de Lausanne par le Pr Bugnon et son équipe. SISPha a pour mission d’aider les pharmaciens à implémenter de nouvelles prestations à haute valeur ajoutée en collaboration avec les médecins et les autres acteurs de soins, prestations en lien avec la promotion de l’adhésion thérapeutique et de la maîtrise du risque médicamenteux. L’entreprise aide notamment à la création de réseaux au niveau local et régional visant l’application de programmes SISCare® dédiés à différentes pathologies et médicaments spécialisés sortis de la réserve hospitalière. Cette approche est utilisée aujourd’hui par une quarantaine de pharmacies des plus innovantes.
Dominique Monnier