Lombalgies chroniques : des recommandations non applicables en médecine générale

Cette enquête descriptive montre qu’en pratique plus de la moitié des généralistes (52 %) interrogés estiment que les recommandations concernant les lombalgies chroniques ne sont pas applicables en pratique quotidienne. En particulier, pour prés de la moitié des médecins (49 %), le délai recommandé avant le premier bilan radiographique est trop long face à l’insistance pressante des patients ressentie par 85 % des médecins. Cette demande pressante peut ainsi les entraîner à prescrire de la kinésithérapie pour 48 % d’entre eux sans véritable conviction personnelle. Le délai d’attente pour consulter un rhumatologue (plus de 4 semaines) est jugé excessif par 8 médecins sur 10. Plus de 6 médecins sur 10 estiment que moins d’un quart de leurs patients consultent directement le spécialiste, et/ou passe une radiographie et/ou font des séances de kinésithérapies sans les avoir consulté. Enfin, 72 % des médecins estiment que l’inadaptation des recommandations à la pratique quotidienne du généraliste constitue un risque de mauvaise observance.

Dr Emmanuel Cuzin

Référence
Forcioli M et coll. : Attitude du patient atteint de lombalgie chronique commune : quelle démarche pour le médecin généraliste ? 6e congrès de Médecine Générale (Nice) : 21-23 juin 2012.

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Vos réactions (1)

  • La pression consumériste

    Le 28 juin 2012

    Il serait grand temps de reconnaître (et d'étudier de près) le fait que les médecins ne font pas ce qu'ils veulent.
    Les patients se considèrent comme des usagers d'un système qui leur doit des soins, et comme des consommateurs qui ont le droit d'être servis.
    Ce phénomène est la conséquence naturelle d'un choix de politique de santé (que l'on pourrait qualifier d'électoraliste pour ne pas dire démagogique), et aussi d'un consensus social qui privilégie de plus en plus l'exigence individuelle au détriment des intérêts collectifs.
    L'anomalie n'est pas que l'on vive dans un tel paradigme, elle tient à ce que l'on désigne le médecin comme son ordonnateur. Il est certes plus simple pour l'Assurance maladie comme pour l'Etat de faire porter aux soignants la responsabilité des stratégies de soins qu'ils adoptent, mais la réalité est que ces stratégies sont contraintes par la population elle-même, à l'égard de laquelle les pouvoirs publics se gardent bien d'entreprendre aucune action véritable d'éducation et de responsabibilisation sanitaire.
    C'est pourtant désormais auprès des patients et des familles qu'il va falloir trouver les moyens d'optimiser l'efficience du système de santé. Les soignants font beaucoup d'efforts et ont grandement progressé. Ils ne devraient plus être une cible prioritaire.

    Pierre Rimbaud

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