Avec l'avancée en âge de la population d'hémophiles, une bonne gestion du risque cardiovasculaire s'impose et, à Glasgow, deux études observationnelles prospectives ont généré des résultats intéressants et qui remettent en question les relations entre hémophilie et risque cardiovasculaire.
Un profil cardiovasculaire marqué au Japon
Le premier travail émane du Japon et porte sur 360 hémophiles
dont 105 ayant de 30 à 39 ans, 137 de 40 à 49 ans, 118 ayant 50 ans
ou plus.
Ces sujets présentent un profil de risque cardiovasculaire
marqué avec notamment plus de 50 % d'hypertendus dans la tranche
d'âge 50 ans et plus et sur l'ensemble de la population 20 à 30 %
de fumeurs actifs, 19 % ayant une hyperlipidémie et 9 % un diabète.
A noter encore (comme reflet du changement des habitudes
alimentaires ancestrales) un taux d'obésité de près de 30 % dans la
tranche d'âge la plus jeune. En dépit de ce profil, il n'y avait
qu'un seul patient ayant des antécédents ischémiques (angine de
poitrine) et aucun sujet n'avait fait d'infarctus ou d'AVC.
L'ischémie coronaire est certes peu fréquente chez les
japonais, mais les investigateurs eux-mêmes se demandent si le fait
d'être hémophile ne joue pas un rôle en la matière et ils
continuent à suivre ces patients.
Une incidence moindre d’événements cardiovasculaires en Europe
Le deuxième travail a été mené par une équipe
néerlando-britannique qui avait déjà constaté un profil de risque
cardiovasculaire moins favorable chez les hémophiles (comme les
auteurs japonais précédemment cités).
Sur une population de 593 sujets avec un score QRISK2
calculable, les investigateurs documentent 7 événements (1
infarctus, 3 angors, 2 AVC et 1 AIT) alors que 21,4 étaient
attendus. Cette moindre incidence concerne tous les niveaux de
risque du score utilisé :
• risque intermédiaire (n = 91) : 6,4 événements attendus 2 observés ;
• risque élevé (n = 65) : 10 événements attendus 5
observés.
Dr Jean-Claude Lemaire