Maladie de Devic : Bloquer le complément

Les traitements à visée immunologique vivent une révolution depuis une décennie. Ils sont de plus en plus ciblés témoignant d’une meilleure connaissance de la physiopathologie de nombreuses maladies auto-immunes et du développement des anticorps monoclonaux à visée thérapeutique. Plusieurs anticorps sont actuellement disponibles dans la plus fréquente des maladies inflammatoires cérébrales, la sclérose en plaques. Cependant, ils n’ont pas montré d’efficacité dans une maladie plus rare et plus sévère, la neuromyélite optique ou syndrome de Devic (NMOSD). Dans les années 70-80, cette forme clinique était souvent classée dans les formes atypiques de SEP. Mais l’identification d’anticorps dirigés contre un antigène astrocytaire, l’aquaporine 4 (AQP4), a profondément changé sa prise en charge. Les traitements classiques interféron ou autres immunomodulateurs s’étaient avérés inefficaces. Une des explications tient au fait que les anticorps anti-AQP4 pouvaient déclencher la cascade du complément responsable de l’atteinte neuronale et astrocytaire. De manière empirique, plusieurs équipes avaient rapporté une efficacité des plasmaphérèses ou du rituximab.

A Philadelphie, 3 essais thérapeutiques ont porté sur cette affection. Et, l’étude contre placebo en double aveugle (PREVENT), démontrant l’efficacité des anticorps  ciblant la protéine terminale du complément C5, a eu les honneurs de l’AAN ! Grâce à une collaboration internationale, 143 patients dont le tableau clinique était compatible avec le spectre NMOSD ont pu être inclus. Les patients, en majorité des femmes (90 %), âgés en moyenne de 44 ans, avaient des anticorps positifs et avaient présenté au moins 2 poussées dans les 12 derniers mois. Ils ont été vaccinés contre le méningocoque avant d’entrée dans l’étude. Les résultats sont spectaculaires. En effet, l’analyse a montré une réduction de 94 % du risque de rechute par rapport au placebo. A 2 ans d’évolution, 97,9 % des patients n’avaient pas rechuté sous traitement alors qu’ils n’étaient que 63,2 % dans le groupe placebo. Un patient sous traitement actif associé à de l’azathioprine est décédé d’une pneumonie.

Les résultats très positifs de cette étude témoignent de la pertinence de la recherche thérapeutique immunologique ciblée.

Dr Christian Geny

Références
PIttock et coll.: Efficacy ans safety of eculizumab in aquaporin-4 antibody-positive neuromyelitis optica spectrum disorder: a phase 3, randomized, double-blind, placebo-controlled, multicenter trial (PREVENT).
71e meeting annuel de l’American Academy of Neurology (Philadelphie) : 4-10 mai 2019.

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